Harmonieuse vie conjugale et familiale pour le couple Audrey et Brian Burke, parents de deux adorables enfants, Harper, une gamine âgée de dix ans et Dory, un bambin de six ans, dont l'existence sera anéantie par la mort du chef de famille, abattu par un maladif et brutal quidam, en voulant porter aide et secours à la compagne de ce dernier, sauvagement agressée par son mari. Pour les hâtives et douloureuses funérailles, Audrey invite en dernières minutes, un certain Jerry Sunborne, ami d'enfance de son époux, avec lequel existait une solide et continue relation amicale, malgré leur parcours et leur vécu vertigineusement dissemblables. En effet, alors que le premier devint un efficace promoteur immobilier doté d'une homogène et pondérée existence, le second stagne désormais comme ancien avocat, miné par une dramatique et récurrente addiction aux drogues lourdes. Malgré une réelle méconnaissance de l'ami de son mari défunt, elle va lui proposer d'aménager dans une dépendance de la petite propriété, par une sorte de bienveillance mutuelle pour ne pas sombrer dans une rampante déprime. Quelques semaines plus tard, de plus en plus envieuse de l'influence (positive) de Jerry sur ses deux enfants, elle lui demande finalement de quitter les lieux...
19/20 : Dans quel état serions-nous à leur place ? Ce que j'aime bien chez Susanne Bier, c'est qu'elle prend son temps pour amener les pires drames et sans trop d'images en avalanche, au contraire, une douce musique de guitare ramenée du cosmos... Pour peu que le sirop vienne parfois surcharger les dialogues, on sait qu'à la première occasion, une vacherie sera dite, rattrapée dès que possible par cette douceur qui est sa marque de fabrique, tout comme ses péchés mignons à la caméra (les gros-plans sur les yeux et rien que les yeux, parfois un seul oeil, suivi de la plongée du thé dans la tasse, ou encore l'alliance qui manque tomber du doigt, se rattrape...). Les deux acteurs principaux, effondrés par la même perte, s'apprivoisent, de manière assez inégale car elle est plus dure que lui à bien des égards. Les enfants constituent le nécessaire point d'ancrage. Mais le mort aussi ressuscite à plusieurs reprises qui sont autant de régressions... Audrey, a détesté ce Jerry, grand ami de son mari, il s'intercalait trop comme un danger avec ses addictions... Alors, entendons-nous bien : "aider à dormir" se limite à un massage d'oreille. Dommage, il est pourtant bien craquant, par le fait d'être aussi faillible, rien que ça. De respirer l'authenticité dans chacun de ses actes (à mi-chemin entre notre Bedos national et un Brad Pitt au poil noir), étonnant de générosité quand il revient du pire... Dans son genre et une fois délivré de son mal, aussi attachant que "l'original" disparu ! L.Ventriloque