Ostende 1903, célèbre lieu de villégiature de la haute société locale et internationale. Louise Reeves, une jeune veuve, "trop moderne pour être maternelle, trop riche pour être satisfaite et trop jolie pour être célibataire" consacre depuis peu tout son temps et son énergie à un nouveau compagnon de coeur, l'élégant et huppé Elton, délaissant de plus en plus souvent sa fille Jeanne, âgée de cinq ans, pour finalement la confier à Marie Gaston, sa nourrice, après que le couple s'est décidé à partir pour les States en voyage de noces, pour une durée indéterminée...

Cinq ans plus tard, Louise annonce enfin son prochain retour et sa ferme intention de reprend Jeanne. C'est alors que Marie, la mère adoptive, profondément attachée à la petite fille, décide d'annoncer à l'inconséquente arrivante le décès accidentel de la gamine, afin de pouvoir la garder auprès d'elle, dans la stabilité d'un rural bonheur familial. La contestable et délicate supercherie réussit parfaitement...

Encore cinq ans plus tard, face au déclenchement des traumatisantes hostilités de la Première Guerre Mondiale (nous sommes en août 1914) Marie prend le parti, par sécurité, d'envoyer "sa fille" aux Etats-Unis, auprès de sa vraie mère, avec une lettre explicative, écrite et signée de la main de son confesseur. Bravant moult difficultés, et après avoir "adopté" deux enfants orphelins perdus dans la tourmente de l'exode, Jeanne parvient enfin à Rhodes Island où se trouve la somptueuse résidence des Reeves. Dans la complexité, voire l'impossibilité de se faire reconnaître immédiatement à son arrivée, elle est prise en affection par le débonnaire cuisinier des lieux qui parvient facilement à la faire engager comme femme de chambre. Démunie et vulnérable, elle est témoin des intrigues et des mésententes du couple et n'a désormais plus qu'une idée en tête, dévoiler sa vraie identité...

>>> Mary Pickford (décidément une grande actrice) est toujours aussi époustouflante, dans ce rôle qui lui va comme un gant, et l'intrigue, malgré un final des plus niais (le "dialogue" des enseignes lumineuses) reste de bout en bout crédible, passionnant, sans lourdeur ni pathos excessif, pour notre plus savoureux plaisir...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)