C'est avec une extrême déférence et une passion considérable que le metteur en scène Dominique Delouche évoque la vie et l'oeuvre du grand danseur chorégraphe Serge Lifar, né à Kiev le 2 avril 1905 et décédé le 15 décembre 1986 à Lausanne, en "douze moments chorégraphiques". Même si cet intéressant documentaire fait une curieuse impasse sur la jeunesse et la genèse ukrainiennes de Serge Lifar, entre autres son passage aux ballets russes de Serge de Diaghilev, nous est par contre présentée avec force détails et précision sa carrière durant les trente années qu'il passa à l'Opéra de Paris, malgré une courte éviction, à la Libération, ponctuée par une mise en retrait, un éloignement au Nouveau Ballet de Monte-Carlo...
>>> Même si le monde du ballet peut rester ignoré par bien du monde, laisser indifférent voire exaspérer bien des personnes, on ne peut nier une farouche volonté du metteur en scène de montrer et d'expliquer la fascination qu'exerça Serge Lifar sur ce milieu et l'apport indéniable de son talent et de sa maîtise pour la danse, fort bien explicité par Jean Cocteau : "Chaque fois que danse Lifar, je vois du sang, ses genoux sont meurtris, sa bouche est une blessure, ses veines s'ouvrent. Il ruisselle littéralement de ce sang de l'âme dont la perte nous épuise et qui est sueur d'amour. Alors la danse, qui est un art assez ridicule, retrouve son caractère sublime et religieux" ...
Nota : le terme de "musagète" dans le titre fait référence au ballet en deux tableaux, composé entre 1927 et 1928 par Igor Stravinski, "Apollon musagète" et appelle ainsi à se souvenir de la beauté plastique du grand danseur, aujour'hui disparu...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)
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