Flegmatique et consciencieux conducteur de trains norvégiens, Odd Horten vient d'arriver au terme de son itinérant labeur, pour une retraite bienvenue, à l'âge de soixante-sept ans (de quoi faire frétiller tous les sarko-économistes de l'hexagone) qui se fête dignement, entre collègues, durant une complice soirée privée, avec cadeau commémoratif et auditif jeu ferroviaire. Les festives agapes, censées se prolonger chez l'affable collègue Rohmer, prennent en fait pour notre retraité, en mal de tabac, une toute autre direction nocturne. En effet, le voilà, à cause d'une sonnette déficiente, dans l'impossibilité de rejoindre ses amis, obligé d'escalader les échafaudages de l'immeuble, pour se retrouver finalement dans un appartement contigu où un charmant gamin lui demande de veiller à son sommeil. Endormissement du garçonnet et du brave Odd qui parvient discrètement, le matin, à quitter l'appartement, malgré le retour des parents. Commence une folle journée qui débute par une visite à sa mère catatonique, ancienne championne de saut à ski, hébergée dans un foyer pour vieilles personnes; laborieuse tentative pour retrouver son copain Flo, employé manutentionnaire à l'aéroport; démarche ratée pour revoir le sympathique buraliste Thogersen, aujourd'hui décédé; assoupissement dans un sauna-piscine; rencontre avec l'excentrique Steiner Sissener, qui se dit capable de rouler en voiture, les yeux bandés...

>>> Figure emblématique de l'impassibilité tranquille et de la décontraction flegmatique, entre un Tati débonnaire et son inséparable bouffarde et un Keaton imperturbable et sa légendaire raideur, Baard Owe alias Odd Horten rejoint la mémorable galerie des personnages gentiment déjantés qui traversent avec bonheur et lévitation tous les films du norvégien Bent Hamer...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)