Il y a Naples, sur la mer Tyrrhénienne, dans la riante Campanie, celle des touristes, oliviers, citronniers et tarentelle, inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco. Et puis, il y a Naples des sourdes concussions, des extorsions de fonds, de la contrefaçon et des trafics de déchets, celle de la Camorra, drogue, rackets et prostitution, présente dans tous les secteurs de l'économie régionale. Ce qui donne lieu à un incroyable microcosme délictueux, des petites mains en première ligne aux grands pontes bien retranchés, une foule d'individus divers et variés, aux moult occupations souterraines, toujours frauduleuses, voire franchement criminelles, dont nous suivrons les répréhensibles agissements, plus particulièrement pour sept d'entre eux.

- Marco et Ciro : à peine sortis de l'adolescence, têtes brûlées et cervelles de moineau, refusant d'intégrer les structures hiérarchisées de l'organisation scélérate et qui préfèrent voler de leurs propres ailes. Imprégnés de films noirs américains, une passion fébrile et virile pour les armes à feu, ils paieront de leur vie leur abyssale naïveté et leurs ambitieuses velléités d'indépendance...

- Don Ciro : surnommé "le sous-marin" de par sa permanente immersion dans le milieu des petites gens qui collaborent de près ou de loin à l'institution mafieuse (surveillance, délation, amnésie et dissimulation) et qu'en bon comptable zélé et borné, il paie mensuellement en régulières et parcimonieuses gratifications financières. Notre pusillanime porteur d'enveloppes sera obligé de trahir son clan pour ne pas finir sous les radicales balles d'un énième groupe sécessionniste...

- Pasquale, le tailleur : qui mène une existence familiale banale, entre une gironde compagne, un poupin nouveau-né et quelques lourdes dettes récurrentes, supervisant, avec talent et ponctualité, un efficace atelier clandestin de confection pour le compte de la Camorra et qui se laissera convaincre par des Chinois de donner une dizaine de cours de haute couture rémunérés à de nocturnes et bridées travailleuses au noir. Repéré puis déchu, il finira comme anonyme routier, non sans avoir écopé d'un conséquent et sanglant avertissement pour sa bénigne déloyauté...

- Franco et Roberto : le premier, cadre sans scrupules, cynique et suffisant, spécialisé dans l'enfouissement illégal de déchets toxiques et des ordures surnuméraires, dans des terrains ou des carrières rachetés à bas prix, auprès de revendeurs peu regardants quant à leur utilisation finale. Le second, son assistant et porte-serviette, issu d'un milieu modeste, qui finira par refuser de collaborer aux graves exactions économico-écologiques de son employeur, pour démissionner, écoeuré en rase campagne...

- Toto : douze ans, témoin actif et attentif du trafic qui sévit dans les méandres de son entourage journalier, celui de la cité des Vele composée de deux bâtiments de quatorze étages, délabrées et gangrénées par la misère ambiante et les infractions accumulées, notre petit commissionnaire devra clairement prouver dans quel clan il se situe en participant insidieusement à l'assassinat d'une mère de famille dont le gamin a trahi.

>>>Une époustouflante et brûlante radiographie des tortueux fonctionnements camorristes à travers les nombreuses et coupables activités occultes qui soutiennent et perpétuent l'hydre mafieuse, sans cesse combattue, jamais vaincue, servie par des non-professionnels, qui pour la plupart étaient ou sont encore les véritables "acteurs" des illicites situations filmées, décrites, avec un brio et un courage remarquables...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)