L'existence de Victor Mancini est un vrai roman de gare : entre un travail alimentaire comme figurant dans le parc d'attraction historique de Dunsboro censé décrire le quotidien au 18e siècle de quelques colons immigrés, fastidieuse activité qu'il partage avec son copain de toujours, le jovial et rondouillard Denny, et de fréquentes visites à sa délirante mère Ida, hospitalisée dans une unité psychiatrique pour une affolante maladie d'Alzheimer qui la fait prendre désormais son fils pour son avocat attitré, notre brave garçon s'est inscrit à des séances hebdomadaires de thérapie collective pour personnes en forte addiction au sexe, remarquée et remarquable assuétude qui le fait déshabiller du regard chaque femme croisée, avec toujours ce besoin compulsif de forniquer sans restriction ni discernement. Cette tranquille assurance de tous les "instincts" va se trouver profondément perturbée lorsque notre chaud lapin se sent des affinités érectiles et affectives pour Paige Marshall, une délicieuse femme médecin de l'établissement hospitalier où radote sa frappadingue maman qui vient de lui confier qu'il serait ni plus ni moins qu'un clone du Christ, une progéniture italienne du Saint-Prépuce. Commence une folle et réitérée débandade lorsque la belle doctoresse lui propose une tendre proximité physique afin de procréer un enfant qui permettrait, avec ses gènes compatibles, de sauver sa mère d'une irrémédiable glissade vers une folie ascensionnelle. Alors que son ami Denny s'entiche d'une convaincante et plutôt pulpeuse strip-teaseuse prénommée Beth, répondant au désaltérant nom de scène de Cherry Daïquiri, avec laquelle il débute religieusement une cumulative quête de gros cailloux pour une imprécise et apaisante construction en perpétuel devenir, Victor apprend que sa mère n'est pas sa vraie mère, qu'il a été enlevé enfant dans un grand magasin, que son oreille gauche a bien été en partie arraché par un lynx facétieux et que Paige, sa curative amoureuse, n'est en fait pas médecin, mais seulement une lumineuse et solide patiente de la folâtre maison de soins... 

>>> Une sympathique et fracassante énormité qui cultive brillamment un subtil mauvais goût avec opiniâtreté et jubilation, d'une parfaite cohérence dans sa logorrhée visuelle et scénaristique, souvent d'une large et cumulative incongruité bienvenue, sur fond de saine trivialité jouissive et régressive à la fois...