Anne-Marie Meyer, la quarantaine bien assumée, exerce la sacerdotale profession d'assistante sociale dans l'environnement banlieusard de la capitale. Elle tient fortement à sa liberté professionnelle qui lui permet de vivre un quotidien actif et varié, mais aussi à son indépendance affective, au point d'exiger de son amant, le solide et placide Alex, une séparation lorsque ce dernier lancine gentiment sur une éventuelle vie commune. Une rupture qui se fait finalement dans une apparente harmonie, avec la promesse d'un prolongement des relations sur un mode sagement amical. Effectivement les quelques retrouvailles fortuites ou choisies ont ainsi lieu, agréables et pondérées, et devant cette bienvenue complicité post-amoureuse, Alex confie à son ancienne maîtresse qu'il fréquente depuis peu une autre femme pour laquelle il se sent plein d'attirances passionnées. De quoi éveiller rapidement la curiosité d'Anne-Marie qui bientôt attisée par l'éveil d'une insidieuse et lente jalousie, se croit dans l'obligation de fouiller dans la vie de son ex-compagnon. Une jalousie de plus en plus frénétique, rageusement obsessionnelle qui lui lacère son imaginaire et son équilibre, au point de phagocyter l'amante inconnue, de la faire sienne, pour la punir, la détruire. Une élancée schizoïde, froide et démesurée qui va crescendo, révélant de sourdes angoisses cathartiques et dont la densité nauséeuse imprègne l'appartement comme une dangereuse présence invisible qui affole et alerte le mécanisme parfait de la domotique.

>>> C'est une place d'honneur que mérite Anne-Marie Meyer, dans l'inquiétante procession des écorchées vives et des reines du dysfonctionnement des affects, en compagnie de quelques unes de ses perturbées consoeurs comme "ANNA" mais aussi  "CAROLE" et  "ANNA/HELENE" , qui hantent durablement le cinéma français...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)