Dans la province de Kangwon, un anonyme village minier, avec ses centaines de gueules noires, pas toujours en bonne santé, tel le taciturne Hae-gon aux poumons et au moral lourdement délabrés qui vit seul avec ses deux enfants, Dong-goo, onze ans, légèrement handicapé mental et Young-lim, une pétulante gamine de sept ans à l'indéniable maturité circonstancielle. Mis au chômage médical par les responsables de la mine d'Arirang, à cause d'une insidieuse et persistante pneumonie, le paternel tente de se recycler vaille que vaille comme vendeur ambulant de poissons, parcourant les marchés locaux avec une vieille et poussive camionnette brinquebalante. Hélas pour lui, son fils qui l'accompagne quotidiennement dans son hasardeux périple marchand, s'amuse avec le frein à main du véhicule, avec comme fatale conséquence une voiture en stationnement correctement emboutie. Sans assurance pour payer les lourds dégâts, avec en plus une menace d'expulsion de sa maisonnette, par suite à un vague plan de rénovation du quartier, Hae-gon sent son courage l'abandonner et finit par se réfugier de plus en plus souvent dans les brumes de l'alcoolisme oublieux. Les maigres ressources pécuniaires commençant cruellement à manquer, la petite fille se résout à voler un peu de nourriture dans le petit supermarché local, pour un dérisoire et provisoire accommodement, face à une situation désastreuse qui nécessitera bientôt de prendre de radicales et définitives décisions pour son père et son grand frère...
- Positif numéro 576 (février 2009)
- Télérama numéro 3083 (Semaine du 14 au 20/02/2009)
- Cahiers du Cinéma numéro 642
- Le Monde du 11/02/2009
- Annuel du Cinéma 2010
- Le Canard Enchaîné du 11 février 2009
Critiques (Public)
16/20 : Découvert au Festival des Trois Continents nantais en 2008. C'est une ville minière dans la montagne coréenne, avec des fumées et crachotements d'un autre âge, enfin pour nous autres Français... De plus, il fait toujours froid si l'on en juge par la neige en contraste avec le noir ambiant, triste patelin ! Pourtant l'on y chante (magnifiquement !) de retour du fond de la terre, devant la télé ou en sillonnant le village en voiture... Zoom sur la petite famille monoparentale, un papa et ses deux gosses scolarisés (le garçon retardé dans son développement). Le père, pour une fois, plutôt gentil (à la différence de nombre de rôles masculins asiatiques lâches, désespérants)... Un père responsable, il "assure". Nulle information sur la mère. Quoi qu'il en soit, la jeune Young-lim, 9 ans, devient une aide précieuse pour le mineur le jour où une sale pneumonie vient tout compliquer... Une torpeur alcoolisée peut ulcérer un tout jeune cerveau... Il faut bien suivre la fillette dans son parcours à l'image... Une sacrée petite bonne femme, plutôt tendre, d'une lucidité qui saisit... Etonnant comme Jeon Soo-il embarque le spectateur dans un long processus descriptif, jusqu'à le faire se morfondre dans ce pays de malheur... Mais c'est pour mieux le piéger, toujours dans le monocorde (peut-être un peu terne comme mise en scène quand ça se gâte, les plans fixes demandent de la patience !)... Les spectateurs restent vissés à leur siège ou alors quittent précipitamment la salle pour prendre l'air car "la petite" dans sa très forte envie de survivre, ne fait pas dans la dentelle... Derniers plans hallucinants. L.Ventriloque