102 cms de tour de poitrine et 93 de tour de hanches, la plantureuse Nejiko, dix-huit ans, n'aspire qu'à trouver enfin l'homme qui lui fera l'amour, pour la toute première fois. Ni les défilés politiques, ni les commémorations religieuses ne semblent la détourner de son incisive idée fixe. Par contre, le dénommé Otoko (L'Homme) qu'elle cherche vainement à séduire, devient rapidement sa principale préoccupation. Rencontre avec trois yakuzas qui viennent de déterrer une volumineuse caisse en bois remplie de fusils qui emmènent le couple avec eux, à leur cantonnement forestier. Les malfrats semblent être en fiévreuse attente d'un affrontement avec une autre bande rivale. Alors que Nejiko est toujours à la recherche d'un homme disponible dans le petit groupe armé, à ses récurrentes appétences, Otoko ne décline qu'une obsession, mourir en se faire tuer. D'un rustique poste de télévision, les yakusas apprennent qu'un tueur fou, d'origine étrangère, certainement américaine, sévit en ville, tirant indistinctement sur tout ce qui bouge. Le violent face à face, attendu depuis des heures, est finalement annulé, après l'arrestation inopinée à l'aéroport de quelques membres épars des différents clans. La tension devenant de plus en plus perfectible, un jeune étudiant, depuis peu intégré au groupuscule, s'en va tuer deux quidams dans les alentours et Nejiko parvient enfin à ses fins avec trois malfrats présents. Après une sordide tuerie intestine, les rescapés se dirigent vers le centre-ville où le tueur fou continue son efficace fusillade avec la ferme résolution de sympathiser avec lui. Un ultime et violent affrontement avec les forces de l'ordre laisse Nejiko et Otoko, seuls survivants, qui vont faire l'amour, dans une suicidaire communion, avant de se faire abattre eux aussi...

>>> Permanente et souveraine confrontation entre Eros et Thanatos, unis dans l'apothéose ensanglanté d'un signifiant shinju (terme nippon évoquant le double suicide des amants), cette oeuvre inclassable d'un Nagisa Oshima irascible et radical qui déconstruit avec hargne, constance et bonheur le glorieux mythe japonais des yakusas, concomitant à l'obsession faussement virile des armes à feu, irrite et fascine à la fois par son incroyable noirceur existentielle et son brillant pessimisme basique. Aucune nuance décelable dans le propos, aucune sympathie quelconque pour aucun des personnages, il suffit d'une efficace carabine en érection pour faire un parfait tueur et la mort pour connaître enfin le plaisir (l'amour ?)...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)