Aujourd'hui pondéré adulte cheminant vers le troisième âge, rasséréné après une longue et délicate discussion avec sa vieille mère Kirsti, sur quelques moments dramatiques de la Seconde Guerre Mondiale, toujours éludés inconsciemment, jamais abordés en toute sérénité, Eero Lahti se souvient...

Septembre 1939 : l'Union Soviétique attaque la Finlande. Garçon à peine âgé de six ans, Eero voit son père partir à la guerre. Peu de temps après, le décès au Front de ce dernier est annoncé par le pasteur local. Aussi, devant les incessants bombardements russes, sa maman décide, comme des milliers d'autres mères, d'envoyer son enfant en Suède où les attendent des familles d'accueil. C'est ainsi qu'Eero se retrouve placé dans une famille de paysans, établie en bord de mer, avec la douleur d'une séparation imposée, les difficultés d'une langue mal connue et la gênante rudesse d'une mère adoptive. En effet, alors que l'homme du couple, Hjalmar Jönsson se montre plutôt affable et proche du gamin, son épouse Signe ne manifeste que réticences et brusquerie envers le nouveau venu. (Nous saurons plus tard qu'elle attendait la venue d'une petite fille, ayant perdu à l'âge de six ans, par noyade, son enfant.) Il est vrai que le garçon témoigne peu d'entrain à sa nouvelle existence, fuguant régulièrement, plutôt réticent à suivre l'enseignement de l'école suédoise. Ses seuls moments heureux semblent tourner autour de l'attente du facteur, du gardiennage d'un troupeau d'oies et de quelques jeux avec la petite voisine Siv. Pendant ce temps, alors que les Russes bombardent Helsinki, l'Allemagne envahit le territoire des Soviets et devient ainsi l'alliée circonstancielle de la Finlande. Et c'est dans la capitale que la mère d'Eero rencontre un officier teuton qu'elle veut suivre en Allemagne, en laissant son fils définitivement en Suède, auprès de sa famille de remplacement...

>>> Sur le thème souvent galvaudé de l'enfance durant la guerre et de la relation bancale entre un enfant et "ses" mères, réelle et adoptive, une oeuvre grave et solide, qui transpire l'émotion sans jamais basculer dans le mélodrame, évidente et incontournable, qui hélas n'a jamais bénéficié d'une distribution dans l'hexagone, hors festivals ou événements cinématographiques particuliers...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)