Adolescente plutôt solitaire et réservée, Jen Reed, qui va fêter ses quinze ans cette année, vit seule avec sa mère Sarah, tout juste trentenaire, depuis le suicide de son père, il y a environ un mois, dans un accès de désespoir ou de lucidité. Deux vies bouleversées, figées dans la béance du temps et la douleur muette qui vont lentement s'ouvrir au monde avec l'arrivée inopinée du mutique Ian, demi-frère du défunt, venu prêter main-forte au navrant désarroi familial. C'est avec une opiniâtreté tranquille et une consciencieuse célérité pratique que le nouvel arrivant va s'atteler aux taches les plus rugueuses et les plus rudes, efficace et taiseux dans son ininterrompu labeur quotidien. Intriguée et quelque peu attirée par cet homme ténébreux et magnétique, Jen accepte de faire une virée nocturne en pick-up avec lui, alors que sa mère passe une ennuyeuse soirée commémorative dans la famille de son ancien époux. Mais cette innocente promenade ne sera pas au goût de Sarah qui rapidement, par l'intermédiaire de son père Melvin, parviendra à faire éloigner le désormais perturbant intrus qui sera embauché à la ferme d'un vieux couple d'amis de la famille, à des miles et des lieux de la jeune fille. C'est après une violente altercation avec sa mère que Jen décide de retrouver celui qu'on a fait partir et auquel elle pense de plus en plus souvent... 

>>> D'une confondante simplicité narrative, magnétisée par deux acteurs exceptionnels, dans une étonnante dramaturgie élégiaque et troublante, une oeuvre époustouflante de beauté tranquille et de folie humaine qui confirme François Rotger, avec ce second long métrage, comme un metteur en scène essentiel et incontournable. Un des derniers plans du film qui dévoile l'agonie prochaine et la mort certaine du principal protagoniste vaut à lui seul toutes les prétentieuses élucubrations forestières d'un Lars von Trier tristement vétilleux et balourd...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)