Depuis toujours Aurélien et sa soeur Argine vivent ensemble, dans une osmose quasi fusionnelle, intuitivement symbiotique, qui alimente une rare complexité des liens de dépendance et d'amour réciproques. Il travaille chez un fleuriste et arrondit leurs fins de mois dans un hasardeux, mais lucratif trafic de cuivre volé, dérobé par quelques petits malfrats locaux. Elle tente vainement de trouver ou de garder un emploi, toujours entre deux licenciements et trois refus d'embauche et s'est mise depuis peu en tête et en langue d'apprendre les rudiments du vocabulaire anglais. C'est après un casse foireux qu'un des malfaiteurs, un certain Simon Sarasian, exige d'Aurélien d'être payé rapidement afin de quitter au plus vite les parages. Une virée nocturne, pour livrer le métal volé à un vague acheteur potentiel, se termine tragiquement. Sarasian, voulant berner le jeune receleur et lui voler l'intégralité du stock, se fait tuer accidentellement par Aurélien, qui lui fracasse le crâne, dans une réaction de défense. Paniqué, le garçon bascule le corps dans le fossé et tente de reprendre une existence normale, en attendant la découverte du cadavre par les gendarmes. D'ailleurs déjà les commentaires et les spéculations vont bon train, à "La Croix Blanche" le bistrot fédérateur où tous les potes de la région se retrouvent chaque soir, immanquablement...
16/20 : Quand il lui dit, après lui avoir demandé de se garer "viens voir", on commence à serrer les fesses... Car c'est un peu lent à l'allumage, bien qu'accrocheur grâce à ce choix de frère et soeur soudés "on sait pas jusqu'où" et à l'arrivée du trouble-fête (Darroussin nouvelle gueule !). Une atmosphère plaisante, des plans silencieux sur les visages qui en disent long, un joli travail de suspense, c'est vrai qu'on est du côté d'Aurélien,le plus touchant de tous car la sister, facétieuse, hâbleuse, use son monde, à l'écran nous sommes ravis, mais l'avoir chaque jour pour de vrai à ses côtés, il faudrait qu'elle mange de la soupe en plus du roquefort (à noter qu'il s'agit de deux orphelins pauvres, pour mieux comprendre ce qui les unit)... Malik Zidi et Florence Loiret-Caille révèlent ici leurs mille et une facettes, par le verbe (quand on parvient à saisir le rude jargon qui fuse), de joyeuses répétitions d'anglais ar-ti-cu-lées à l'inverse ! Le non dit l'emporte en émotion, c'est LE domaine où Jérôme Bonnel fait des étincelles ! L.Ventriloque