Chaque jour est un mensonge où je meurs doucement...
Un jour d'octobre, il y a maintenant une dizaine d'années, à treize heures dix-sept précisément, un grand éclair aveuglant et le monde s'est arrêté définitivement. Forêts décimées, villes détruites, animaux disparus de la surface de la Terre, tout n'est plus que cendres et désolation où quelques rares survivants s'épuisent dans une errance absurde et inutile. Un homme et son jeune fils essayent d'aller vers le sud, rejoindre un hypothétique rivage marin, à l'aide d'une vieille carte routière en lambeaux. Leur hantise c'est de croiser quelques bandes inorganisées, armées et vindicatives qui tuent pour voler ou pire encore, à la recherche de viande humaine que l'on stocke dans des garde-manger improvisés, transformés en sanglant fumoir carné. Pour éviter l'ultime barbarie anthropophage, l'homme a enseigné à son garçon comment se tuer à l'aide du pistolet qu'il conserve précieusement, ainsi que deux dérisoires et uniques balles salvatrices. Par monts et par vaux ou en suivant une autoroute désaffectée, l'homme et l'enfant poussent un maladif caddie renfermant quelques objets hétéroclites et s'avancent vers l'improbable, sous un ciel éternellement gris et pluvieux, avec au loin le bruit insistant de quelques détonations, armes à feu ou arbres qui tombent, moribonds et calcinés. Tenaillés par les affres de la peur et de la faim, submergés de temps à autre par quelques souvenirs heureux d'avant la mortelle catastrophe, le père et son fils tentent de garder au fond d'eux le feu sacré, l'espoir ténu d'une humanité encore possible...
- Fiche de Monsieur Cinéma
- Annuel du Cinéma 2010
- Mad Movies numéro 224
Critiques (Public)
"Chaque jour est un mensonge et je meurs lentement"
"La route" est un film de qualité à condition de s’adapter à sa luminosité réduite, une noirceur maximale lente et insoutenable sur un effondrement planétaire remettant à flots l’isolement et la barbarie.
L’œuvre est sombre dans des captures désolantes, déprimantes, alimentant un catalogue triste et mélancolique à la limite de l’overdose.
Le parcours est long, incertain, ennuyeux avec de vrais ou de fausses peurs, manageant un contenu d’une nervosité à définir.
Antithèse de la lumière aveuglante de nos paradis artificiels protecteurs, "La route" dissimule un autre côté que personne ne désire voir, un monde calciné géré par l’obscurité, l’hyper violence et le cannibalisme, désagréments que l’œuvre reproduit dans leurs minimums.
Ce film concept, envoutant ou exécrable selon les perceptions, dévoile de manière effrayante des images dérangeantes, semblant nous mettre en garde contre une finalité que certains acquis apaisent certainement à tort.
Ici, il faut progresser au jugé dans la cendre, loin des portables et des GPS, dans un contexte où tous les arbres tombent soudainement, en sécurisant au coup par coup un esprit en détresse, à l’aide d’une communication rassurante dont les ingrédients sont conquis à l’aveuglette, dans un environnement en ruine à peine perceptible.
"La route", œuvre d’atmosphère éprouvante et redondante, est une vie en larmes ou un ennui profond tout dépend du degré de sensibilité de chacun devant ce constat qui pour l'instant garde un statut potentiel.
JIPI