Placide et souriant, le brave Do-joon, âgé de vingt-sept ans, légèrement attardé, traîne à longueur de journée avec une petite frappe locale, Jin-tae qu'il admire et imite béatement, au grand dam de sa pauvre mère, une dynamique herboriste locale, pratiquant accessoirement l'acupuncture, fort inquiète des fréquentations amicales et des perturbations psychologiques de son fiston, un être candide, fruste et d'une maladive nonchalance. C'est donc avec une détermination rageuse et une conviction mordante qu'elle décide de mener sa propre enquête sur l'incompréhensible meurtre d'une lycéenne, crime que son garçon a reconnu avec naïveté, aux anges et en ravissement d'être désormais une vedette médiatique. En effet, les aveux réitérés de Do-joon qui avait effectivement croisé la demoiselle, la nuit du dramatique forfait, qui ont provoqué la clôture des investigations policières et le peu d'empressement d'un avocat marron pour défendre le garçon, conduisent la mère à chercher du coté de l'immoral et brutal Jin-tae qui va finalement être innocenté du meurtre. Ce dernier acceptera, contre forte rémunération financière, d'aider la fougueuse mère de famille dans ses recherches de la vérité et rapidement découvrir que la jeune défunte se prostituait à maints clients des environs, photographiant à chaque fois, plus ou moins discrètement, ses sordides ébats avec son téléphone portable...
- Libération du 27 janvier 2010
- Canard Enchaîné du 27 janvier 2010
- Cahiers du Cinéma numéro 652
Critiques (Public)
16/20 : Actrice principale qu'on sent ravie de réaliser autre chose qu'un rôle de mère classique à la télé. Sa personnalité porte le film. Le fiston est surtout simplet, d'office protégé par sa génitrice (ils dorment ensemble pour avoir moins froid), une dame sexuellement saine mais qui a quelque chose à se reprocher. Extrême pauvreté, corruption des pouvoirs en place : cynisme, misère, délinquance : un veuvage et peu de moyens, voilà qui oblige à l'héroïsme, une chance encore qu'il y ait l'acupuncture pour pouvoir se régénérer. En parallèle, la prostitution de retour sur le devant de la scène se filme désormais au téléphone portable... Joon Ho Bong fait visiter son pays fracassé en créant une tension tant par les cadrages très étudiés que par la hardiesse à montrer in-extremis la face cachée des événements. Il rend somptueux les aspects les plus laids, la bande-son n'étant pas en reste (splendide scène des funérailles, ces femmes se ruant sur la mère du présumé coupable !). Mais j'aurais préféré découvrir ce film de 2h10 en dvd car je l'aurais visionné en deux temps pour en apprécier "les derniers tiroirs" scénaristiques, ces derniers débarquant alors qu'on croit rester dans le flou... D'une seule traite ainsi en salle, et malgré la beauté de l'ensemble, le récit m'a semblé interminable (ai failli m'endormir). Dommage, pour une oeuvre aussi bien emberlificotée !  L.Ventriloque