Réfugié d'origine abkhaze, le petit Tedo, âgé de douze ans, survit difficilement dans les alentours de Tbilissi, capitale de la Géorgie, en compagnie de sa mère dont les douteuses fréquentations le déconcerte et le bouleverse. Travaillant comme apprenti dans un modeste garage, il arnaque de temps à autre, en compagnie de son copain Tsupak, sur le parking du supermarché, quelques imprudents conducteurs qu'on soulage de leur portefeuille ou de leur sac à main, lors d'une opportune et provoquée crevaison de leur véhicule. C'est après avoir failli se faire arrêter par un opiniâtre vigile et devant l'incurie manifeste de son existence et de celle de sa mère, qu'il décide de retourner dans sa province natale, à la recherche de son père, resté sur "l'autre rive" lors du tragique conflit opposant les différentes ethnies. Commence un long et lent périple, en train, en voiture, en bus, en camion, initiatique et perturbant, où notre gamin va connaître, témoin lucide et vulnérable, la médiocrité, la bêtise et la brutalité, mais aussi, par delà les rancoeurs et les souffrances du passé, un peu de sollicitude et de commisération. Et quand le malheur déborde, que même un verre d'alcool et une danse effrénée ne permettent plus d'oublier ou de fuir une réalité bien trop rugueuse, il suffit peut-être de fermer les yeux très fort et d'imaginer quelques uns de ces grands animaux sauvages, girafes, zèbres et lions, traversant majestueusement une vaste et lointaine région écrasée de soleil et de liberté...