Adam, la soixantaine bien conservée, surnommé "Champion" pour ses anciennes performances en natation, travaille avec son fils Abdel dans un complexe touristique de la capitale tchadienne, N'Djamena, comme surveillant de baignade et son rejeton en qualité de maître-nageur ; une proximité professionnelle et affective réelle à l'opposé d'un climat social et politique délétère, les rebelles hostiles aux forces gouvernementales se rapprochant de plus en plus des premiers faubourgs de la ville. Sans cesse sollicité par son chef de quartier pour contribuer financièrement à l'effort de guerre, Adam est bien sûr, dans l'impossibilité d'apporter une quelconque aide pécuniaire. De plus, pour de sordides raisons économiques, le voilà privé de son travail quotidien qu'il chérissait tant et nommé comme simple garde-barrière à l'entrée du domaine hôtelier, en remplacement d'un brave quidam licencié. Quelques jours plus tard, des soldats s'en viennent chercher Abdel pour servir dans l'armée qui a de plus en plus de difficultés pour contenir les significatives avancées des opposants. A cause de ce recrutement fatidique et forcé qui va mener le garçon au cœur des affrontements, Adam va retrouver sa place de surveillant de baignade. Ce que l'on ignore encore, c'est le rôle joué par ce dernier dans l'incorporation militaire de son garçon...

>>> Après un prix mérité au festival de Venise en 2006 pour son long métrage précédent, Mahamat Saleh Haroun récidive en recevant une nouvelle distinction, cette-fois à Cannes, pour une oeuvre d'une douloureuse sincérité, sur un arrière fond identique (la guerre au Tchad) et une puissante mise en scène, efficace et précise, loin de l'esbroufe et de la cacophonie cinématographiques qui malmènent nos écrans...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)