Agé de six ans, le jeune Yusuf qui vit dans une isolée région montagneuse et boisée d'Anatolie, avec ses deux parents, souffre depuis peu d'un embarrassant bégaiement qui provoque quelquefois les moqueries de ses camarades de classe et l'isole durant les traditionnelles récréations auxquelles il ne participe plus. C'est seulement avec Yakup son père, véloce apiculteur qui récolte le miel sur des ruchers naturels ou artificiels, installés sur les dangereuses hauteurs d'immenses arbres forestiers, auxquelles il accède à l'aide de précaires cordages et d'un rudimentaire équipement, qu'il parvient à parler normalement, souvent en chuchotant ou murmurant, dans une confidente et complice proximité. Un jour, son paternel, obligé de s'aventurer toujours plus loin dans les sous-bois, face à la mystérieuse défection des abeilles, est victime d'une mortelle chute, provoquée par la cassure inopinée d'une branche maîtresse...

>>> Une oeuvre lente et lumineuse qui s'allonge et s'étire infiniment, comme l'immensité du temps de l'enfance, rappelant avec une certaine grâce, rare et tenace, l'imaginaire d'autres petiot(es), hispaniques cette fois-là, de "L'esprit de la ruche" en passant par "Cria cuervos" , avec une extrême lucidité, un bonheur délicat et certain. Il est à noter que faisant partie d'une trilogie, avec pour les deux autres films du metteur en scène, des titres tout aussi lapidaires ("Oeuf" et "Lait"), cette réalisation tisse de subtiles interférences entre les différents personnages qu'on retrouvera à chaque fois, à diverses époques de leur sinueuse existence...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)