L'ARBRE ET LA FORET - 2009

Titre VF L'ARBRE ET LA FORET
Titre VO
Année de réalisation 2009
Nationalité France
Durée 1h37
Genre DRAME
Notation
Date de sortie en France 03/03/2010
Thème(s)
Alcoolisme et autres beuveries (Cinéma français)
Prix Jean Vigo (Longs métrages)
Homosexualité masculine (Cinéma français)
Enterrements (tous pays confondus)
Camps de concentration (tous pays confondus)
Réalisateur(s)
DUCASTEL Olivier MARTINEAU Jacques
Chef(s) Opérateur(s)
POIROT-DELPECH Matthieu
Musique
Renseignements complémentaires
Scénario : Olivier Ducastel
et Jacques Martineau .....
Distribution : AD Vitam

Visa d'exploitation : 119 555

Nota :

- Prix Jean Vigo (LM) 2009 .....
Acteurs
MARCHAND Guy
FABIAN Françoise
SEYVECOU Sabrina
RENIER Yannick
NEGRET François
MOUCHET Catherine
DUMAS Sandrine
RAJOT Pierre-Loup
MAUFRAIS Nicolas
MAUFRAIS Sergei
HENRY Léa
HENRY Maxim
HOUSARD DE LA POTERIE Julia
LARZAT Eric
Résumé

Un père refuse d'être présent à l'enterrement de son fils aîné. Il s'avère qu'un profond secret hante le paternel, secret que le défunt avait découvert, et remontant à la 2e Guerre Mondiale...

Bibliographie
- Fiche de Monsieur Cinéma
Critiques (Public)
Ils s’étaient fait connaître avec un film musical qui empruntait son charme, sa gravité et ses couleurs à Jacques Demy ; film « en-chanté » où il était question du sida. Jeanne et le garçon formidable imposait l’univers tout personnel du couple Ducastel-Martineau. Puis il y eut le solaire Drôle de Félix, à la fois plein d’humour et de gravité avec son héros beur, gay et séropositif, le jubilatoire Crustacés et coquillages puis le très intéressant Nés en 68. Aujourd’hui, avec leur nouveau film, il est question de la déportation des homosexuels pendant la deuxième guerre. Le ton a perdu sa légèreté. Ce sujet grave est porté par un Guy Marchand dans un rôle où on ne l’attendait pas.

On ne le sait pas assez, les homosexuels pendant la seconde guerre mondiale, ont été déportés et internés dans des camps. Il fallut attendre 2001 pour que sous Jospin, l’Etat français le reconnaisse officiellement, quand Mitterrand se fit muet sur ce sujet. C’est pourquoi, le film est ancré temporellement en 1999. Cette date est d’autant plus importante pour ce film que c’est aussi l’année de la fameuse tempête qui dévasta la France à l’aube de 2000. L’aveu que fait Frédérick à sa famille, voulant qu’il fût interné à Schirmeck non pour ses actions militantes mais pour son homosexualité, ne fait-il pas le même effet qu’une tempête sur cette famille bourgeoise, bien sous tous rapports ? Mais si le coming out des jeunes d’aujourd’hui, révélant leur homosexualité à leurs parents, peut faire l’effet d’une douche froide, l’inverse n’est pas mieux vécu. Les enfants ne sont-ils pas ultra conformistes, refusant que leurs parents rompent avec l’image qu’ils donnent ; image stable et donc réconfortante ? Frédérick en a fait les frais avec son fils aîné qui ne lui voua plus que mépris. Dès lors que ce fils est décédé, le secret est dévoilé au fils cadet à qui il n’a jamais su dire « je t’aime ».. L’a-t-il senti ce lourd secret familial que porte son père, au point d’être lui-même mal dans sa peau et de boire plus que de raison ? L’Arbre et la forêt parle des relations souterraines qui existent dans les familles sur le mode des non-dits et qui ne font que générer un malaise. Pour autant, le secret révélé est-il source d’apaisement ? Au vu des conséquences de cette révélation, on peut imaginer le drame qu’ont vécu ces homosexuels, détestés par tout le monde dans les camps, et, dans l’incapacité de parler, après la guerre. Le traumatisme, inscrit dans leur chair, pouvait-il être mieux exprimé qu’à travers la séquence inaugurale qui donne le frisson, confrontant dans une peur panique un homme et un chien qui a surgi face à lui dans la forêt ? Cet homme, c’est Guy Marchand. L’avoir choisi pour le rôle de Frédérick, avec ce qu’il véhicule d’image virile pour le spectateur, fut une très bonne idée. Qu’il forme un couple avec Françoise Fabian donne au film une immédiate justesse. Ils font exister leur couple, et la famille autour d’eux, comme une évidence. Catherine Mouchet, l’inoubliable Thérèse d’Alain Cavalier, que l’on voit trop peu au cinéma, apporte dans le film une distance légère du fait qu’elle incarne un personnage extérieur à la famille. Chaque séquence avec elle est un pur plaisir auquel contribue son phrasé tout particulier. Aux côtés de ces comédiens d’envergure, les petits jeunes qui appartiennent désormais à l’univers filmique de Ducastel-Martineau font le poids et notamment Yannick Rénier. Film qui s’attache aux regards, gros plans et silences, fluidité de la caméra, L’Arbre et la forêt ose un plan ascensionnel qui dévoile la forêt immense, à l’infini, au cœur de laquelle vivent Frédérick et sa femme. Ils ont planté ces arbres et la forêt leur survivra. La musique de Wagner, tragique, accompagne ce plan ; la campagne rend neurasthénique et nous renvoie à notre propre finitude. Assurément, ce film marque une étape clef pour les deux réalisateurs. Elsa Nagel

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