Bonne humeur et tatouages en façade, la pétulante Léa est saturée de l'usine à poulets où à longueur de journées, elle déplume et dépiaute d'innocents et stupides gallinacés, à la chaîne et au scalpel électrique. Elle rêve d'amènes cétacés à observer, de bateaux à retaper, de leçons de piano à prendre...
Dépression et tailleur Chanel en exhibition, la rigide Lucia Fabbri traîne son apathie et son malaise, dans son cossu et vaste appartement, alors même que son époux médecin, allergologue de formation, ne sait pas encore qu'elle souffre en fait d'une indistincte et perturbante tumeur cancéreuse...
Le destin, comme souvent, futile et habile, va faire se rencontrer les deux femmes, si diamétralement opposées, par le biais de la musique, et qui bientôt, vont prendre ensemble, une radicale tangente pour le cul du monde, les rivages de Puerto Madryn, dans la fascinante et sauvage Patagonie. Chacune laissera à Buenos Aires, un peu de soi, mais aussi bien des relations et des occupations inutiles et fallacieuses, pour retrouver, à travers une sensuelle complicité, une nouvelle raison de vivre et d'espérer...
16/20 : Anciennement titré "L'Appel", Prix du Public au Cycle italien Univerciné Nantes 2011, les deux actrices principales font tout le prix de ce film gracieux. Elles peuvent tout se permettre sous ce regard fin, distancié, décortiquant l'attitude des compagnons, ce qui fait qu'hommes ou femmes sont sous le charme, très intrigués quant à l'issue. Si le naturel de Léa, Argentine et bohème va de soi, Lucia, hôtesse de l'air est avant tout pianiste (point culminant du film, ce "vivre l'instant" de l'aïeule !). Prises de vue, son, dialogues, d'une délicatesse constante virent aussi vers les dures réalités. On patine sur le rafiot en Patagonie mais la morale sera sauve : les dernières minutes récupèrent magistralement les spectateurs et spectatrices qui auraient été tentés de décrocher.
L.Ventriloque