Sur les hauts plateaux du T(h)ibet, devant un splendide palais millénaire, une foule silencieuse et soumise attend l'unique sortie annuelle du Grand Khan qui vient processionner quelques centaines de mètres parmi ses sujets dévotement prosternés sur son passage. Ce vieillard cruel et sadique règne depuis quinze ans par la terreur et dans la haine, en despote usurpateur, après avoir fait disparaître le véritable monarque et sa famille. Le Prince Roundghito-Sing, un des grands officiers du palais, fort apprécié par la population, va violemment s'opposer au vil potentat lorsque ce dernier décide de s'octroyer les faveurs de la douce Zemgali pour laquelle notre héros a quelques insoupçonnées faiblesses. Après avoir rossé le vieux tyran, il prend la fuite avec la belle, poursuivi par une horde de brutaux spadassins. La jeune fille est finalement reprise par l'imposante troupe de poursuivants et le prince parvient à embarquer sur un navire en partance sur lequel une équipe de cinéma est en train de tourner quelques scènes dramatiques, avec la célèbre actrice du moment "Lady Anna" fort intriguée par le nouvel arrivant dans son chamarré costume hindou. Bientôt une réelle complicité se met en place entre le fringant jeune homme et la charmante actrice, proximité fort mal vue par l'adipeux et sournois banquier Morel, financier du film et prétendant de la belle. Anna, de son côté, propose au prince de joindre l'équipe de tournage et ultérieurement, à Paris, de faire une nouvelle réalisation avec elle. Bien sûr le fiévreux Roundghito-Sing se sent débordant de sentiments pour la belle comédienne qui ne semble pas vraiment répondre à sa passion naissante...

>>> Sur une histoire finalement lourdement improbable et sans intérêt particulier, le réalisateur Jean Epstein parvient à aimanter le spectateur par une mise en scène d'une constante et discrète richesse formelle culminant avec l'étonnante scène du bal masqué, inoubliable et bienvenue d'intensité et de fluidité...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)