Travailleuse sociale dans une banlieue d'une grande ville russe, Marina mène une existence atone et conventionnelle entre un mari plutôt falot qui ne pense qu'à sa carrière de petit businessman, à la recherche de perpétuels financements, un amant phallocrate, en constants faux-fuyants et dérobades, et un métier démoralisant et sacerdotal, traversé d'enfants battus et de pères incestueux. Cette vie banale et terne va imploser, une fin d'après-midi, alors qu'un talon d'une de ses chaussures se dérobe, l'obligeant à faire du stop, délestée de son sac à main durant l'aventure, pour se retrouver violée par trois policiers patrouilleurs. Après l'effondrement conséquent, suite au traumatisme de l'agression, un émondage systématique des compromissions et des peurs passées s'installe radicalement, provoquant un détonant règlement de comptes, le soir de son anniversaire, avec toutes les personnes présentes, et lors de la rencontre fortuite de l'un de ses agresseurs, un comportement autre que celui de la vengeance irréfléchie et simpliste à l'aide d'un acéré tesson de bouteille...
- Positif numéro 613
- Le Canard Enchaîné du 22 février 2012
Critiques (Public)
17/20 : Déroutante jeune femme a priori, sauf si elle représente l'intrépidité féminine, à savoir en passer par les desiderata des dominants pour leur arracher quelque reste d'humanité. Filmé à la clarté du jour, c'est volontairement pâlichon comme le contexte du message que ça veut véhiculer, c'est à dire des lendemains qui ne chantent pas trop rose. Dans un esprit de contradiction à deux doigts du malsain, quoique... Beaucoup de sens possibles pour qui parvient à décrypter. Un pavé à la seule intention de la société russe ou une charge étendue à toute société de consommation vidée de sa culture. Consommons, chantons et dansons... S'il n'y avait l'issue comme incitation à relativiser, ça ferait fuite en avant hormis l'image soignée et la très attachante actrice. Olga Dihovichnaya rappellerait assez Carole Laure dans Sweet Movie ou Carole Bouquet dans Trop Belle Pour Toi, jusqu'à ce qu'elle vire de bord pour arriver à ses fins, j'avoue que cela m'a quelque peu désarçonnée jusqu'à ce que tenants et aboutissants se révèlent... Car pour ce qui est des autres présences à l'écran, ne leur manquerait plus que les grognements pour que le pur stade animal revienne, que ce soit ces hommes qui se lâchent à la file ou cette ado au klaxon ininterrompu chargeant son père. Anticipation de nos sociétés corrompues. La victimisation féminine de bon aloi est bel et bien évacuée. La réalisatrice met en exergue l'ambivalence féminine slave, une docilité de façade vite détrônée par des raffinements de cruauté.
L.Ventriloque