Condamné pour diffamation envers le richissime homme d'affaires Hans-Erik Wennerström qu'il accusait de ventes illicites d'armes à la Croatie, le journaliste Mikael Blomkvist risque une lourde condamnation et une conséquente amende pour ne pas avoir vérifié plus scrupuleusement ses sources. Découragé par ces désagréments et ces avanies professionnels, il décide de prendre un peu de distance avec "Millénium", son journal, acceptant d'autant plus facilement l'invitation d'un ponte de l'industrie ferroviaire, Henrik Vanger, de venir s'installer sur son île afin de résoudre une pénible énigme qui traumatise depuis une quarantaine d'années son existence. En effet, le vieil homme ne se résout pas à la mystérieuse disparition de sa nièce adorée, la blonde et délicate Harriet, dont le corps n'a jamais été retrouvé. Plus traumatisant encore, la demoiselle avait comme secrète habitude d'offrir à son oncle, à chaque anniversaire de ce dernier, un délicat sous-verre contenant un végétal séché, et malgré son probable décès, rituellement, Henrik Vanger reçoit toujours le même cadeau qui lui est envoyé à chaque date commémorative. Notre reporter découvre rapidement que la famille de son riche commanditaire est en fait un embrouillamini de personnes hétérogènes et singuliers dont certains avaient d'étroites connivences et sympathies avec le nazisme. Devant la complexité de l'affaire et la multiplicité des ramifications de l'enquête qui mènent aussi vers un éventuel tueur en série, Blomkvist demande à son employeur, l'engagement d'un assistant collaborateur. Ce sera Lisbeth Salander, une jeune punk mutique et radicale, férue d'informatique, hacker surdouée, au passé traumatique, dont les intrusions et les décisions vont rapidement bousculer les données de l'enquête...
- Cahiers du cinéma numéro 674
- Libération du 18/01/2012
- Annuel du Cinéma 2010
- Le Canard Enchaîné du 25 janvier 2012
- Positif numéro 612
- Fiche de Monsieur Cinéma
Critiques (Public)
Cette version est remarquable. L'embellie réussie d'un premier jet un peu trop statique se contentant de mettre en images le contenu d'un best-seller sans en faire frémir les pages.
Dans cet opus, l'isolement et le froid glacial de ces pelouses et demeures endormies se ressentent au maximum.
La famille Vanger à l'image d'un site éloigné de tout, calme, désolé et tapissé de blanc détient par cette dualité les contraignantes conditions que peut subir un esprit citadin temporairement délocalisé au contact d'une nature austère dont certains visages se sont imprégnés.
L'éclairage artificiel conséquent ou pratiquement absent de plusieurs intérieurs conviviaux ou spartiates s'efforce d'équilibrer le peu de luminosité délivré par soleil en berne.
Le blanc déposé par le mouvement éternel des saisons et le noir d'un esprit refusant de s'intégrer dans un système reproduisent parfaitement, en fonction de leurs localisations, toute la composition de personnages cloitrés véreux, opportunistes et revanchards ou bien fermé au regard absent, puis subitement de braise, dans une inertie toujours prête à exploser.
Statuts en alternance, logés dans une bulle citadine au regard de glace, toujours sur la défensive, formatée pour le rapport de forces, l'amour libre et spontané, délivrant ses émotions au coup par coup, en évitant l'investissement à long terme.
Un film austère et prenant sur la difficulté de découvrir le véritable sens de la vie, ceci conduisant irrémédiablement vers le profit ou la perversité, dont le seul résultat est de labourer de rides et de haines des visages épuisés par leurs excès.
JIPI