Après une longue période d'errance et de prévarication, le gangster Ulysse Pick est de retour, avec sa bande de criminels patentés, dans sa maison familiale dont il ne reconnaît pourtant plus l'agencement ni les souvenirs, malgré l'aide d'une jeune fille prénommée Denny, aveugle, peut-être morte noyée dans un proche passé et qui possède un solide don de perception et de prescience. Alors que les forces de police entourent et canardent copieusement l'habitation, lors d'une fusillade nourrie, occasionnant quelques morts parmi la racaille ("qui devront alors quitter les lieux") Ulysse avance de pièce en pièce avec Denny et un certain Manners, ligoté et bâillonné sur une chaise, qu'il n'identifie pas comme étant son propre fils, croisant des fantômes du passé, poussant des cris et des hurlements gutturaux, qu'il ne faut absolument pas déranger, à la recherche de son épouse Hyacinth logeant au dernier étage de la maison, en compagnie de son père, nu et enchaîné à son lit. Une lente et pénible progression, à travers de tortueux couloirs, d'obscurs passages secrets et des alignements incongrus et mystérieux de pièces, jusque vers la paix et l'harmonie peut-être retrouvées...
>>> Entre une relecture de l'Odyssée, contaminé par les schèmes du film noir et parsemé des strass et des cendres du monde onirique et tourmenté du réalisateur, cette œuvre ambitieuse (certains diront prétentieuse) ne provoque jamais cette merveilleuse étincelle d'une sobre et talentueuse inspiration, si souvent présente dans de nombreux films précédents du metteur en scène. Tout au plus quelques plans furtifs trahissent le génial brio (passé) de Guy Maddin, guère reconnaissable cette fois-ci dans cette fastidieuse juxtaposition de séquences privées d'unité, de continuité et de complétude.
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)
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