Une histoire exemplaire, parmi des milliers d'autres, anonymes et sans visages, celle de Hout Bophana et de son époux Ly Sitha, qui furent écrasés par le sanglant régime des Khmers rouges qui plongea le Cambodge et ses habitants dans une tyrannie sauvage et macabre. Ancienne secrétaire d'une organisation humanitaire locale, la jeune fille est rapidement mise sous la surveillance de quelques sbires d'Angkar, l'exécrable groupement révolutionnaire du pays, dont les nombreuses exactions sont légitimées à l'aide de fausses preuves attestant la culpabilité et la trahison de tout un chacun. Ainsi Bophana sera arrêtée et violée lors d'une de ces nombreuses rafles autoritaires qui déstructurent durablement le quotidien des Cambodgiens. Ly Sitha, un cousin de la jeune femme qui deviendra plus tard son époux, a rejoint les moines bouddhistes mais aussi les maquisards communistes. Le 17 avril 1975, la prise de Phnom Penh par les khmers rouges sera l'amorce d'une lente descente en enfer pour le pays, avec l'instauration d'une collectivisation générale et l'abolition de la propriété privée. Bophana qui s'est réfugiée à Baraï aura bien des difficultés pour retrouver épisodiquement son désormais mari avec lequel elle entrera en correspondance fréquente sous le pseudonyme de Séda. Tout finira dramatiquement, un an plus tard, arrêtée et envoyée au terrible camp S21, après de longs interrogatoires et des aveux forcés, elle sera exécutée, le même jour que son compagnon...

>>> Edifiant moyen métrage de ce que fut le quotidien entre 1975 et 1979 des Cambodgiens livrés à une véritable extermination qui provoqua la mort d'un quart de la population du pays (environ deux millions de personnes) et dont l'exemplarité dénonce et fustige tous les génocides qui ont endeuillé l'humanité...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)