Un minable quartier banlieusard de la cité de Glasgow où se terrent et grenouillent bien des laissés-pour-compte de la discutable prospérité britannique, entre sauvage débrouille et belliqueuse défiance envers autrui. Joseph fait largement partie de cette humanité haineuse et bornée qui noie dans l'alcool et la dépréciation, quelques restants de souvenirs passés, réels ou rêvés. Veuf depuis cinq ans, il sait que son meilleur copain se meurt lentement, suffoqué par un irrémissible cancer des poumons. Il sait qu'il vient de tuer son chien, à coups de batte de baseball, lors d'une lamentable crise de fureur, au sortir du local d'un intransigeant bookmaker. Mu par une animosité tenace, des rancunes et des rancoeurs en pagaille, avec comme seul horizon quotidien, la promiscuité vaseuse d'une taverne et ses pisseuses pintes de bière méticuleusement éclusées, Joseph va se retrouver, après un copieux passage à tabac par trois jeunes revanchards, pris en considération, malgré lui, par Hannah, la gérante d'une petite friperie locale. Gêné par cette féminine sollicitude qui fleure lourdement l'encens et l'eau bénite, notre bonhomme va peu à peu s'humaniser et découvrir que l'enfer s'invite aussi chez les autres. En effet, la timide et pieuse créature vit sous l'oppressant et violent joug d'un mari brutal et odieux, qui maintient son épouse dans une pesante et maladive relation dévalorisante, avec une lourde propension au sordide et à l'abjection.