Un homme en pleine nature, un miroir accroché à son corps, erre en poussant des cris gutturaux. Antonio Ligabue est un des plus fameux représentants de l'art naïf transalpin, plus spécialement en peinture et en sculpture, dont les tableaux, souvent exotiques, évoquent maintes fois des animaux sauvages, en colère ou en lutte, yeux exorbités, plutôt agressifs, dans une jungle luxuriante et bigarrée. D'une personnalité fruste et fantasque, ayant passé de nombreux séjours en hôpital psychiatrique, l'artiste se travestit fréquemment en femme, pour retrouver un calme intérieur, une sérénité apaisante. Des fois, ses visions intérieures le font entrer en transes et en absence, avec toujours un besoin frénétique de peindre, autoportraits ou visions essentiellement animalières. Quelquefois, il se fait conduire par un chauffeur, dans une taverne du village proche, auprès de la replète tenancière de laquelle il quémande un baiser, des heures durant, souvent contre un dessin griffonné à la hâte, sur un bout de papier gras.

>>> Un court métrage documentaire exceptionnel qui affleure les mystères de la créativité primitive à travers quelques bribes éparses de l'existence hors normes, hors repères, d'une personnalité hors du commun, fascinante, aux frontières incandescentes de l'illumination et de l'égarement tératologiques...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)