Le docteur André Pinget serait l'archétype même de l'homme bon, serviable et généreux. Il a en effet contracté, il y a quelques années, un mariage blanc avec une jeune Marocaine, pour lui faire accéder à la nationalité belge et adopté son jeune frère Mounir qui vit désormais avec lui. Lorsque ce dernier tombe amoureux de Murielle, une enseignante de la région, il propose au couple de vivre dans son vaste logement, engageant de plus le garçon comme secrétaire médical. Après une enjouée cérémonie de mariage, l'épouse comblée accouche dans les mois suivants d'une petite fille prénommée Jade. Cette naissance souhaitée sera rapidement suivie d'une nouvelle maternité et d'une seconde enfant, Malika, puis d'un troisième môme, qui portera le doux prénom de Jeanne. Bientôt, le couple va se sentir à l'étroit dans l'appartement, envisageant d'aller vivre finalement au Maroc. Une alternative fort mal acceptée par André Pinget qui se sent rejeté, mis au placard par cette éventuelle décision du couple. La solution sera finalement de déménager et de vivre dans une grande maison, surtout que Murielle est désormais enceinte d'un garçon. Après des vacances communes au Maroc, le retour dans la réalité quotidienne s'avère profondément perturbant au point que la jeune femme s'en vient consulter une psychiatre...
- Libération du 22 août 2012
- Cahiers du Cinéma numéro 681
- Canard Enchaîné du 22 août 2012
- Fiche de Monsieur Cinéma
- Positif numéro 619
Critiques (Public)
16/20 : C'est corrosif dans le sommeil qui suit la séance. Pourquoi 4 petits en territoire médical contemporain, on se croirait dans les années cinquante. Murielle, à peine la robe de noce pliée, sent son mari après 2 bébés s'échapper vers ses origines marocaines, constate "un retard" telle une vierge. Le beau-père médecin lui mentionne l'existence de l'IVG, vite balayée par le mari au prétexte de l'enfant mâle inespéré après ces 3 fillettes successives. Troublant couple que celui d'Emilie Dequenne et Niels Arestrup ! Pourtant c'est difficile de faire porter au "bienfaiteur" tout le poids des événements tel qu'expliqué... Si Mounir s'est fait à la facilité, sa jeune épouse est bien trop cultivée pour tomber aussi bas (trop loin du fait divers où 5 enfants furent sacrifiés, ce n'est pas du tout la même femme). La prise en charge des jeunes hommes par des béquilles d'office condamnables (la soeur très FN !) caricaturent de manière à favoriser l'enfer, cette préméditation orchestrée à partir d'un flash de l'imagination. Excusable est Joachim Lafosse néanmoins grâce à son génie de la mise en scène (l'ombre de la moitié de l'écran sur le bébé, la musique qui vient régulièrement dramatiser les scènes les plus anodines). Son film est servi par des dialogues efficaces et vaut de l'or rien que par la métamorphose de son actrice principale. Comme pour le dardennesque "Nue Propriété" ou le pervers "Elève Libre", il excelle dans les étaux mettant le spectateur au supplice. Et bien que pleurer sur "femmes je vous aime" puisse faire défaut quand elles sont à ce point passives ! L.Ventriloque