Ancien professeur de mathématiques à la retraite, Michel Deviliers, débonnaire et solitaire veuf depuis bientôt une trentaine d'années, recueille une jeune fille blessée, qui avait été brutalement tabassée sur son palier. Après les premiers soins et son refus insistant de ne pas prévenir un médecin ni les services de police, il lui propose de l'héberger, le temps de son rétablissement. Au fil des journées et de l'amélioration de sa santé, elle finit par collaborer à l'écriture du livre que notre bon samaritain est en train de rédiger, sur l'importance de l'illusoire dans l'existence. Cette jeune présence féminine de vingt-six ans va finalement apporter au vieux solitaire, quelques fraîcheurs dans son quotidien, mais aussi d'incompréhensibles manifestations sonores et visuelles, certainement induites par la demoiselle qui affirme détenir certains dons paranormaux, comme le pouvoir de deviner l'avenir ou de faire tourner les tables. Bientôt l'appartement devient le lieu privilégié de quelques démonstrations surnaturelles qui infèrent aussi bien de sourdes menaces, que la possibilité d'une réincarnation ou des annonces voilées de mort prochaine...

>>> Tant soit peu débarrassé de ses obsessions érotiques ou du moins assagi dans ses représentations du plaisir féminin, Jean-Claude Brisseau revient sans ambages vers les méandres d'un fantastique à la fois ambitieux, mais aussi fourre-tout qui lui permet, avec des moyens financiers et techniques dérisoires, de continuer à tourner des films ; cette vitale passion de créer. S'accaparant le rôle principal masculin, avec plus ou moins de réussite, le réalisateur est confronté à l'interprétation plutôt tangente de sa collaboratrice Virginie Legeay, souvent en porte-à-faux avec son ambivalent personnage. Reste le bonheur sans faille de croiser dans le film, deux seconds rôles étonnants de justesse et de densité, celui de Claude Morel, l'intangible ami médecin et celui de Lise Bellynck, l'étudiante en partance pour la Norvège...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)