Spécialisé dans le mixage des sons et autres technicités sonores, le dénommé Gilderoy, de nationalité britannique, notoire expert dans l'agencement acoustique de documentaires, vient de débarquer au "Berberian Sound Studio" pour apporter sa collaboration et son savoir-faire à un film transalpin qui s'avère baigné dans le fantastique, l'horreur et la violence. Accueilli par une rébarbative et hautaine secrétaire qui le conduit à travers un dédale de corridors sinistres et miteux, vers le studio d'enregistrement, il est pris en charge par le dénommé Francesco, producteur du film en question, intitulé "Le vortex équestre" actuellement en phase de montage sonore. Ce n'est que quelques heures plus tard qu'il fera connaissance avec Santini, le réalisateur, un être foncièrement hypocrite et libidineux qui n'a aucun respect ni considération pour l'ensemble du personnel présent, bruiteurs, techniciens, actrices. Hébergé dans une vague pièce concomitante au laboratoire de mixage, dans l'impossibilité de se faire rembourser son billet d'avion, sans cesse témoin ou victime de l'arrogance de quelques uns, de la médisance et du persiflage de quelques autres, confiné dans une atmosphère glauque et saturée, Gilderoy s'enfonce lentement dans une maladive irréalité qui fait peu à peu surgir quelques bribes de son passé, énigmatiques et troublants...

>>> Peu importe le degré d'enthousiasme ou de dénégation que le film peut générer auprès des spectateurs, force est de reconnaître que la première impression qui se dégage, au terme de la projection, est fortement imprégnée de perplexité et de questionnements. On ne peut qu'applaudir de cette incontestable maîtrise dans la création d'un climat irrationnel et profondément malsain mais aussi conspuer la pitoyable déficience scénaristique, qui nous entraîne dans des malströms d'ennui, de morosité et d'exaspération, à cause de son fastidieux et stupide refus d'un parti pris normatif et cohérent, laissant l'histoire se perdre à vau-l'eau...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)