Scénario : Jean Renoir
et Rumer Godden .....
d'après le roman de ce dernier
Eugène Lourie a collaboré aux décors .....
Commentaire dit par June Hillman
Distribution : Artistes Associés
Visa d'exploitation : 12 070
Nota :
- Prix international à la Biennale de Venise, ex-aequo avec "Le journal d'un cure de campagne" de Robert Bresson et "Le gouffre aux chimères" de Billy Wilder .....
Nous fuyons soudain notre enfance Pour se précipiter dans l'amour...
Aux Indes, sur les bords d'un grand fleuve. Une famille britannique, trois filles et un garçon, dont la mère attend une nouvelle naissance, vit fort aisément de l'exploitation paternelle de jute, à partir du traitement de l'écorce du chanvre de Calcutta, qui servira à la fabrication de sacs et autres toiles d'emballage. Trois adolescentes en pleine crise pubertaire qui vont, chacune à leur manière et selon leur tempérament, éprouver un premier sentiment amoureux, en l'occurrence pour le neveu de leur voisin, un jeune militaire, le capitaine John, qui a perdu une jambe à la guerre et qui a bien des difficultés pour accepter sa dramatique condition physique. Une troublante présence masculine dont la venue causera aussi des émois à la douce Mélanie, la fille du voisin, née d'une mère hindoue et qui cherche encore sa voie, fortement imprégnée de ses origines locales, grandement influencée par son éducation européenne. Cette apparente harmonie sera malheureusement anéantie par le décès accidentel de Bogey, le jeune fils de la maison qui avait voulu apprivoiser un cobra caché dans les tortueuses ramifications d'un arbre de la propriété...
Le sentiment tragique de la vie qui caractérise l'oeuvre de Renoir nous est restitué ici dans une admirable synthèse culturelle latino-indienne. G FAUCON
18/20 : On est abreuvé de l'Inde et ça sent encore la colonisation toute fraîche dans ce film de 1951, librement inspiré d'un roman (vu en version américaine sous-titrée sur grand écran). On jurerait que la couleur est rajoutée sur du noir et blanc déjà très au point au départ : des images adoucies, un décor raffiné, avec cette eau à proximité, on est toujours dans le mouvement, c'est un délice (qui rachète le son, très inégal tout au long de l'histoire). Cette peinture indo-britannique, occasion d'un va et vient feutré entre les deux cultures, le monde adulte et le cheminement pour y arriver ou non, le rêve et cette sacrée réalité qui vous rattrape au tournant. Aujourd'hui, ça peut sembler longuet, distillé en s'attardant un peu trop sur certaines scènes... Pourtant, ça vaut le coup de bien suivre, car arrive le point qui sidère : Jean Renoir, qui sait de quoi il parle dans les années cinquante pour avoir lui-même fait la guerre, relativise les pertes les plus atroces, pire, s'en console au nom de l'enfant qui demeure en lui, je ne m'attendais pas à ça ! En 2007, où la démographie planétaire caracole, au nom de philosophies ancestrales que personne n'ose discuter, et comme si les ressources étaient inépuisables, son discours est d'un réalisme bouleversant. L.Ventriloque
Le meilleur film et le plus méconnu de Jean Renoir. Les images en couleurs sont d'une rare beauté. Et l'Inde décrite dans cette oeuvre n'est en aucun cas colonialiste, même si elle s'attache à la vie d'une famille anglaise, bercée par la civilisation ambiante. N'en témoigne le personnage de Radha, danseuse locale accomplie qui est l'une des trois héroïnes du film avec Patricia Walters (fille de l'acteur Bert Wheeler), disparue prématurément et d'Adrienne Corri qui fera une carrière très intéressante (C'est elle qui sera Mrs. Alexander, violée par Malcolm McDowell et ses comparses dans "Orange Mécanique").
Le rôle des parents est tenu par Esmond Knight et Nora Swinburne, mariés à la ville comme à l'écran.
Sans oublier les acteurs indiens locaux et les jeunes enfants anglais jouant sans artifice (leur analyse est assez fine).
AXEL.
Le fleuve, opus quasiment inerte, associe habilement le documentaire au romanesque, dans des couleurs flamboyantes, principales étincelles d'une action bien souvent somnolente. Tout n'est que lancinance et lenteur sécrétées dans un ennui profond, faisant d'un site stimulé par ses rituels et ses croyances le contenu d'une seule journée, où tout ne fait que se reproduire à l'identique sous une chaleur accablante. Trois jeunes filles sortent de leur adolescence en devisant sur de nouveaux enjeux. Une inévitable récupération culturelle envers un pays et ses coutumes et une attirance momentanée envers un grand blessé de guerre manquant d’assurance incapable de se réinventer en acceptant les contraintes de son handicap. Des sentiments de compassion s’effilochant irréparablement devant les propos d’un indécis ayant toujours un évènementiel pour se régénérer et rebondir. Un monde enfantin protégé et paisible se dissout devant de nouveaux besoins toujours grandissant pendant qu'un immense pays déroule ses jours dans son histoire et ses traditions.
JIPI