Photographe artistique un rien désabusé, Antoine Dumas a renoncé depuis bien longtemps à se servir de ses capacités et de ses émotions dans ses clichés pour se tourner désormais vers la photographie alimentaire, allant des commémorations de mariage, aux souvenirs de fin d'école, en passant par les naissances ou les baptêmes. Plutôt solitaire, tout en connaissant plein de monde, il vit au dernier étage d'une vieil immeuble bruxellois, avec comme présence quotidienne le petit Matéo, un garçon d'une demi-douzaine d'années, sympathique rejeton d'une voisine de l'étage du dessous, qu'il emmène souvent à l'école et aide dans ses devoirs scolaires. C'est en prenant quelques clichés machinaux d'une jeune femme de l'immeuble mitoyen en train d'interpréter au piano un morceau de Chopin, que sa vie va rapidement basculer dans un radical bouleversement existentiel. En effet, à peine sa partition achevée, la demoiselle est montée sur les toits pour se précipiter dans le vide. Mais la mort ne fut pas, cette fois-ci au rendez-vous. Commence une longue et pénible rééducation, accompagnée d'une quotidienne présence d'Antoine qui va peu à peu, au gré des dizaines de clichés qu'il prendra de la demoiselle prénommée Elena, étudiante en égyptologie et travaillant comme éducatrice dans un centre d'hébergement pour jeunes délinquantes, se sentir revivre à l'existence et à la créativité. Mais l'incompréhension et le malheur, tapis dans l'ombre discrète, ne sont jamais très éloignés des beaux jours...

>>> Y voir comme certains, une tangible représentation de la relation amicale entre un homme et une femme, me paraît manquer d'ouverture, d'honnêteté et d'impartialité. En effet la complicité et la proximité entre Elena et Antoine, à des degrés divers, essentiellement du côté masculin, ont une teneur affective plus proche du sentiment amoureux non partagé, difficilement sublimé et en grande partie ignoré par la jeune femme. Après cette mise au point liminaire, on reconnaîtra une évidente, voire indéniable qualité d'interprétation des deux acteurs principaux et une parfaite pertinence de la réalisatrice dans sa corrosive peinture, de film en film, des itératives difficultés relationnelles, dans le couple, la famille, l'entreprise...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)