C'est dans la petite ville chilienne de Tocopilla, entre un père rigide et borné, d'une extrême autorité éducative et une mère débordante de rondeurs et d'affection vocalisante, que le petit Jodorowsky a passé une grande partie de son enfance. Personnage éminent de la cité, le paternel dirige un magasin de lingerie féminine baptisé "Casa Ukrania" en écho permanent à sa fascination pour l'Union Soviétique et plus précisément pour son dirigeant de l'époque, l'illustre et divin Staline, dont il a tôt fait de copier le style, l'allure et la tenue vestimentaire. Après un détour chez les opprimés et les laissés-pour-compte d'un bidonville, où il attrapera la peste en tentant de montrer sa bravoure et sa détermination, il retrouve sa petite boutique chérie, sa mélodieuse épouse et son incorrigible fiston, mascotte attitrée du corps local de pompiers. Son russophile inclination politique va bientôt le pousser à se rendre à Santiago, la capitale politique du pays, soutenu par ses quelques amis révolutionnaires, pour occire l'odieux dictateur qui dirige une continuelle répression. Par un incroyable concours de circonstances et quelques pathologiques crispations de ses deux mains, notre anarchiste en herbe et en tremblements se retrouve palefrenier de Bucéphale, la splendide monture de celui qu'il devait abattre pour la Cause. Mais notre bonhomme ne manque pas de ressources pour circonscrire sa gênante incapacité manuelle...

>>> Un foisonnement d'images étonnantes et de séquences tonitruantes, quelquefois incongrues et hasardeuses, d'une étonnante richesse d'invention et de créativité, d'un jeune homme de quatre-vingt-quatre printemps qui reste avant tout un percutant hymne obstiné et courageux à la liberté et à l'imagination...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)