Ma vie avec Liberace reproduit honnêtement les arcanes narcissiques et loufoques d'un concept festif, dépensier et infidèle. Des paillettes sécurisantes et décalées entretenant une immaturité ayant besoin de se rassurer en permanence, dans de grandes pièces magnifiquement éclairées, saturées de toiles et de bibelots pharaoniques. Ce qui brille apaise, tout en formatant certaines confidences sur quelques dysfonctionnements du passé, menant une réplique du citoyen Kane vers un état des lieux non réellement désiré mais assumé dans tous ses excès. On s'éclate paradoxalement en trainant ses manques comme un boulet en regrettant secrètement de ne pas être soi même. Constamment sous l'emprise du chien de race, de la fourrure, du bijou, de la perruque, du visage refait et de la voiture de luxe dont on devine parfaitement qu'ils ne sont qu'apparences, dépendances, souffrances et simulations. Le tout pour se dissoudre en fin de course alité et amaigri, privé de toutes extravagances, exprimant enfin un langage dévoilant de vraies valeurs. L'amour entre hommes, dans un opus sensible, sans jamais être dérangeant, où il faut toucher le fond pour s'apercevoir que la véritable perception des choses ne peut se ressentir que privée de tout.
JIPI
|
On est emporté dans ce monde onirique et obnubilé par la performance plastique des deux acteurs. Si Liberace maintient l'illusion de la jeunesse avant d'être pulvérisé par le syndrome pressenti de Dorian Gray, Scott subit lui une magistrale transmutation : du beau gosse de ranch il s'empâte en gros balourd trop gâté avant d'être littéralement façonnée à l'image de son narcissique amant (comme le fut l'éphèbe qui l'a précédé) et, après avoir été jeté une fois bien essoré, devient peut-être enfin lui-même.
|
|