Deux fois par semaine, la télévision nationale canadienne monopolise 1,5 millions de téléspectateurs pour suivre les fameuses compétitions de hockey sur glace, alors que dans le même temps, les gradins du Forum (célèbre salle omnisport de Montréal) se remplissaient de près de 14.000 personnes pour assister en direct au match de leur équipe. Après une brève présentation des joueurs qui tous dans leur enfance rêvaient de faire partie de la fameuse formation locale, la prise de vue s'immisce dans la fournaise des spectateurs, débusquant l'enthousiasme fanatique de certains, à travers leurs mimiques, grimaces et autres vociférations dont le paroxysme se retrouve en 1955, lors d'une émeute occasionnée par la suspension pour le restant de la saison d'un joueur adulé qui avait frappé un arbitre. Des violences sur le terrain qui causèrent aussi en mars 1963 la fin de la carrière d'un certain Lou Fontinato, nuque brisée...

>>> D'une minutieuse architecture scénaristique, filmant les hockeyeurs en couleur (hormis les séquences d'entraînement, d'interviewes ou sur le banc de touche) et le public en noir et blanc, entraînant par cette dichotomie colorée une starification du joueur face au vulgum pecus plébéien, insérant judicieusement quelques courts mais incisifs échanges verbaux entre un adulte noir et un enfant blanc, ce dernier questionnant sur "les animaux sacrés de son pays", "les sorciers qui tuent pour se venger", etc... le court métrage, en apparence dithyrambique et festif, n'est en réalité qu'une insidieuse et solide charge contre ce sport et ses beuglants aficionados...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)