Située à côté d'un vaste complexe industriel pétrolifère, la ville de Bad City ne s'appréhende quasiment que de nuit lorsque les gens tentent d'oublier dans de tonitruantes boîtes de nuit, par le biais de la drogue et de la prostitution, leurs misérables conditions d'existence. Alors que le jeune Arash se fait prendre sa voiture décapotable, pour une dette impayée, par l'imposant et sinistre Saeed, notoire proxénète et pourvoyeur de drogues dans la région, Hossein, le père de notre conducteur dépossédé, subit de récurrentes et brutales crises de manque, absence de son épouse Atti dont il est séparé et carence de son "médicament" illicite qu'il s'injecte régulièrement entre les doigts de pied. Cet univers morbide, en décrépitude et en dépravation, est hanté par une nocturne créature vengeresse, une inquiétante femme vampire, qui s'attaque aux méchants et aux représentants masculins de la turpitude, les saignant mortellement, avec une hargne et un appétit exemplaires. C'est lorsque les chemins divergents du débonnaire Arash et de la ténébreuse jeune femme vont se croiser que l'amour va s'inviter inopinément dans les profondeurs de la nuit...

>>> Présentée avec bonheur et conviction au 7ème Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg, une oeuvre étonnante et séduisante à la fois, par l'adroite combinaison de plusieurs genres créatifs allant de la bande-dessinée au conte crépusculaire en passant par le roman illustré, mais aussi en entrelaçant avec une folle décontraction et une redoutable assurance, des typologies cinématographiques variées comme le western, le fantastique, le film noir, la ballade romantique, par une sorte de Jarmusch féminin, poussant l'audace et la liberté jusqu'à tourner, chat perché, chat persan, en noir et blanc et en langue originale, le farsi...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)