La petite communauté des villageois de la région de Kenozero, une vaste zone naturelle drainée par plus de trois cents lacs enchevêtrés dans un lacis de verdure et de fraîcheur, vit toujours au rythme ancestral des journées et des saisons, du braconnage des poissons, de la vacillante torpeur de la vodka et des moult combines de débrouille et de survie d'un quotidien rustique et familier. Un de leur unique point d'ancrage avec la modernité et la civilisation se trouve dans le passage régulier et rassurant de Lyokha, le facteur de la contrée, qui vient livrer avec son petit bateau à moteur, l'habituel courrier mais aussi quelques journaux, le pain et les bienvenues allocations de retraite. Personnage central pour l'ensemble de l'hétéroclite collectivité locale, notre cordial préposé se sent bien des faiblesses pour la dynamique Irina, vague fonctionnaire piscicole, qui vit seule avec son petit garçon fort attaché à notre débonnaire facteur. Lorsque ce dernier se fait voler le moteur de son embarcation, il décide de quitter la région et vient vivre en ville auprès de sa frangine. Mais les incessants bruits de la cité et un lancinant désarroi le feront bientôt revenir au pays, dans son vrai chez-soi...

>>> Entièrement tournée avec des non-professionnels, hormis une actrice octogénaire professionnelle, cette œuvre bucolique et nostalgique possède aussi les qualités et les défauts de ses interprètes, fraîcheur et redondance dans les prestations artistiques. On notera en outre, quelques courtes et récurrentes séquences à connotation futuriste avec la proximité du centre spatial, et à densité fantastique, avec la féline et intrigante présence d'un superbe matou dans l'entourage rêvé / éveillé de notre facteur...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)