Début des années 1990. Toujours fringante mélomane violoniste, dans la soixantaine, assumée, apaisée, Martha vit seule depuis de longues années sur une paradisiaque île espagnole des Baléares, la resplendissante Ibiza. D'origine allemande, profondément perturbée par les exactions du nazisme durant la Seconde Guerre Mondiale, elle s'est jurée de ne jamais plus retourner dans son pays d'origine et refuse depuis de prononcer la moindre parole en langue germanique. Et c'est pourquoi, après avoir sympathisé avec le dénommé Jo, un jeune musicien-compositeur expérimental venu de Berlin et officiant comme DJ dans une des nombreuses boîtes de nuit de l'île, habitant en location une résidence proche de celle de sa compatriote, elle ne lui dévoile pas sa nationalité similaire, malgré des proximités qui, de jour en jour, iront crescendo. Mais tôt ou tard, avec l'émotion et la fatigue, la langue fourche et le naturel revient au galop (teuton) pour finalement mener à une douloureuse confrontation lors d'un repas collectif avec les parents du garçon, de passage dans la région...

>>> Retrouvant les lieux enchanteurs et personnels (familiaux) de son percutant et séduisant PREMIER LONG METRAGE le réalisateur Barbet Schroeder aborde avec émotion et gravité la problématique de la culpabilité et ses corollaires, des faux-fuyants comme l'oubli et l'amnésie, ancrés dans un passé honteux et traumatique. Hélas, les bonnes intentions, qu'elles soient historiques ou morales ne suffisent pas à dissimuler la forte niaiserie de la relation entre les deux générations qui culmine avec un final digne d'un calamiteux roman-photo, entre impérieuse hilarité et lourde consternation...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)