Dans un sordide quartier de Bucarest, véritable ghetto social où s'entassent les laissés-pour-compte de la société roumaine et accessoirement de l'économie libérale européenne, Totonel, un gamin âgé d'une dizaine d'années survit, vaille que vaille, dans la crasse ambiante de son univers quotidien, désarmant de candeur et de simplicité, encore indemne du faux pas que guette un avenir incertain, entre drogue et délinquance incontournables. Alors que sa mère purge une longue période d'emprisonnement pour trafic et consommation de stupéfiants, le garçon est sous la garde, toute relative, de ses deux sœurs Ana (17 ans) et Andreea (15 ans) dont seule la plus jeune assume son lien affectif et familial, alors que la seconde s'est définitivement installée dans la dépendance héroïnomane. Afin de se dégager de l'atmosphère mortifère de leur logement, où les oncles et leurs comparses viennent se shooter en toute tranquillité, dans le désordre et la malpropreté d'un appartement en friche, le garçon et sa sœur cadette acceptent un hébergement nocturne dans un orphelinat du quartier. Dans la journée, Totonel fréquente avec plus ou moins d'assiduité le milieu scolaire et le club des enfants de la cité, bientôt conquis voire subjugué par des séances collectives de popping, cette danse en forme d'expression corporelle dont le principe de base est la contraction et la décontraction des muscles en rythme, pour laquelle il décrochera même un second prix lors d'un petit concours régional...

>>> Une étonnante œuvre documentaire d'une confondante brutalité, sans apitoiement insistant ni moralisme accablant, qui impose son persistant constat, sans fioritures ni folklore sociologique, nous questionnant au détour, sur les responsabilités collectives et politiques de nos propres gouvernants pour ce marasme économique et social...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)