Engoncé dans une solide timidité et une débordante obésité, le taciturne et quadragénaire Fúsi, efficace bagagiste à l'aéroport international de Reykjavik, vit toujours avec sa mère et l'amant de cette dernière, dans un banal HLM de la capitale islandaise. Sa seule compagnie épisodique et ludique se résume à deux personnes, une petite voisine de six ans, prénommée Héra, dont la fréquentation pose bien des questions au paternel suspicieux et un autre misanthope comme lui, avec lequel on rejoue les grandes batailles de la Seconde Guerre Mondiale, sur d'imposantes maquettes, reproductions similaires et scrupuleuses des lieux, des déplacements armés et des effectifs présents. Cette routine existentielle, traversée par de sporadiques moqueries et autres vexations de quelques camarades de travail et un rituel repas du vendredi soir pris en solitaire au seul restaurant thaï de la contrée, sera fortement bousculée par l'irruption dans son morne quotidien de la pétulante Sjöfn, rencontrée à un cours de danse country, un cadeau d'anniversaire pour une initiation collective, qui au départ ne l'enchantait guère et qu'il acceptera finalement bon gré, mal gré...

>>> De la première séquence, sans paroles, sur le tarmac de l'aéroport, à la dernière, sans commentaires, dans un avion en plein décollage, cette bluette cinématographique islandaise s'enferme et se phagocyte dans une lourde et confuse gentillesse qui peine à prendre son envol, stagnant au ras des bons sentiments et des pâquerettes de fleuriste, sans jamais nous émouvoir en profondeur et en complicité...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)