Une œuvre quelque peu inclassable, qui prend ses aises dans le documentaire, flirte avec une forme d'introspection sociétale pour s'immiscer dans une discrète dramaturgie individuelle, entre folie douce, intranquille perdition et spécieuse liberté. Une composition narrative sous forme de triptyque qui échafaude des vécus, des espoirs et bien des désillusions, en marge d'une Amérique à la fois si proche et si lointaine. Rick et Cindy vivent dans les égouts de Las Vegas, dans un de ces nombreux tunnels qui convergent vers des canaux de dérivation pour l'eau de pluie excédentaire. Ils font de nuit les poubelles, fument de temps à autre du crack, se disputent, se réconcilient à chaque fois et rêvent d'avoir une maison. David quant à lui, vit à l'orée du désert dans un vieux bunker de l'armée américaine. Il se remémore un passé bien plus harmonieux et passe beaucoup de temps à jouer de la batterie, n'oubliant jamais d'observer la beauté d'un coucher de soleil. April de son coté, qui a fait la guerre en Irak, s'est jointe à une petite bande d'utopistes qui souhaitent aller vivre sur la planète Mars et s'entraînent quotidiennement en combinaison de la NASA dans une étendue désertique d'opérette à crapahuter dans leurs illusions et leurs rêves factices...

>>> Malgré certaines longueurs et quelques séquences surnuméraires, on ressent une véritable personnalité artistique dans cette approche en biais, jamais frontale d'une forme de misère existentielle, pleine de pudeur et de discrétion...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)