C'est dans un ramassis de déchets, essentiellement en plastique, durant une nuit d'errance à Manille, que la jeune Hilda a trouvé un bébé abandonné qui sera prénommé Raynaldo et qu'elle ramène à sa grand'mère Puring, dans l'humide et torride région des rizières, complétant une famille essentiellement féminine. Dans les forêts montagneuses d'Itogon, survit une autre famille dirigée par Fernando et ses fils adoptifs, dont les membres s'éreintent à chercher de l'or, dans les ruisseaux de la région et les anciennes galeries minières abandonnées, se mettant gravement en danger à cause d'un menaçant exploitant mafieux qui s'est arrogé le droit de sonder l'ensemble du sous-sol de la zone. Lorsque Hilda, de plus en plus perturbée mentalement, est tuée par quatre individus et vengée par Raynaldo de quelques coups de feu expiatoires, le garçon quitte subrepticement la région et sera ultérieurement adopté par la famille de notre chercheur d'or. Autre lien entre les deux lignées, le dénommé Kadyo, frère de Hilda, emprisonné pour un vol d'armes qu'il avait données aux rebelles en lutte contre le régime du président Marcos et qui sera sollicité plus tard par un ancien compagnon de détention, aujourd'hui acoquiné avec le pouvoir, pour assassiner le réalisateur Lino Brocka qui avait pris faits et causes pour l'insurrection...

>>> Avant d'être une œuvre-fleuve monumentale, tournée en 16mm et vidéo numérique, cette réalisation du prodige philippin, commencée dix années auparavant, en 1994, se ressent avant tout comme une redoutable partition d'intelligence et de finesse qui jongle avec dextérité et naturel sur des faits réels (documentaires historiques sur les manifestations à Manille) sur une magnification du milieu rural et champêtre, sur d'étonnantes références socio-culturelles (les mélodramatiques sagas radiophoniques) pour nous proposer un volumineux canevas de réflexions et de contentement...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)