Le village de Bongo, dans la falaise de Bandiagara, domine la plaine du Gondo. C'est là, que tous les soixante ans, se déroulent les traditionnelles cérémonies itinérantes du Sigui, au cours desquelles les Dogon de la falaise commémorent la mort du premier ancêtre de tous les hommes, qui mourut au commencement du monde, à soixante ans. Entrer deux fois dans le sigui, c'est dépasser l'âge de soixante ans. Pourtant, un homme du village de Bongo a vu trois sigui. Pour les Dogons, un homme qui a dépassé cet âge, est l'image du ciel sur la Terre, il est celui qui a acquis tous les savoirs. Quand ses forces commencent à décliner, on l'installe dans le vestibule de sa maison. Il ne sort pas et pourtant participe activement à la vie du village. A la mort de ce dernier, après un délai de 6 mois lunaires, les funérailles peuvent commencer. Le Grand Masque est sorti. Les murs de la maison du vieil Anaï sont tendues de couvertures des morts de grand lignage de Bongo. Son fils évoque un épisode guerrier contre les Français en 1895 qui donnera lieu à une grande manifestation festive bourrée de symboles et de bonne humeur. Le cinquième jour, les femmes de la famille sont rasées. Elles sont ainsi dépouillées des derniers liens qui les rattachent au défunt et iront laver à une mare proche les habits pour effacer définitivement les souillures de la mort. Dix jours après les funérailles, c'est le temps des danses de guerre sur la place publique. Tout un rituel se met en place, transfiguré par moult gestes et comportements d'une symbolique précise perpétré avec bonheur, à travers les cérémonies et les âges...

>>> Comme bien des films de Jean Rouch, ce documentaire reste d'une précieuse richesse ethnographique, gardant trace d'un passé en finitude...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)