Dans une petite ferme isolée de Canaan (état de l'Ohio), une ancienne région minière, aujourd'hui essentiellement rurale, une famille recomposée végète dans l'infortune, la passivité et la sclérose existentielle. Virgil, le père, rumine inlassablement sa perte (ou son absence) d'autorité et la mère du petit clan s'évertue à plaire encore à la gent masculine du coin qui se retrouve chaque samedi soir, avec leurs compagnes, à boire, danser et s'oublier, dans le seul bistrot de l'endroit où l'on se rejoint invariablement. Et c'est dans cet environnement cafardeux et sans avenir que la jeune Jessica se laisse, par une nuit printanière, séduire par Carl, son demi-frère qui le lendemain, hébété par son comportement, quittera l'enceinte familiale pour revenir au bercail, quelques cinq mois plus tard, constater que sa liaison d'une nuit se retrouve enceinte, muette face à son entourage a qui elle n'a jamais révélé l'identité de son mystérieux géniteur. Il s'avère bientôt, par delà les apparences de froideur et de dissimulation et l'incestueuse situation, que le jeune couple éprouve bien des attirances, l'un pour l'autre, et que la consanguinité pourrait être inexistante, aux dires de certaines confidences familiales...
>>> Avec un splendide travail sur le noir et blanc, d'une incontestable densité émotionnelle, des acteurs criant de vérité, de naturel et de justesse dans l'interprétation et une saisissante description d'un milieu social spécifique, cette œuvre souvent méconnue pendant des années, mérite de loin tous les tardifs éloges qui commencent enfin à fleurir au détour d'une cinéphilie exigeante et constamment investigatrice, mais aussi au festival "Toute la Mémoire du Monde" à la Cinémathèque de Paris (mars 2019)
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)
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