Il exerce, dans une structure judiciaire le métier d'avocat et s'occupe présentement d'une affaire de meurtre où la victime a été lardée d'une trentaine d'efficaces coups de canif funestes. Son épouse est hospitalisée, après un accident et gît désormais dans un profond coma. Une situation douloureuse et traumatisante qui paradoxalement lui procure un vrai bonheur existentiel. En effet, notre homme n'éprouve un certain bien-être que dans l'affliction et ses conséquences sur autrui, en l'occurrence un éveil et une manifestation de compassion et de pitié à son égard. Par extension, les gens malheureux, tristes et désemparés sont pour lui une véritable drogue, les larmes, dans le quotidien ou même sur un écran de cinéma, une vivifiante panacée. Et monstrueux paradoxe, lorsque son épouse sort enfin du coma, sa félicité de supplicié s'estompe et les témoignages d'empathie de son entourage (la voisine, le gérant du pressing, la secrétaire) se raréfient et disparaissent. Pour faire revenir les pleurs et les sanglots, la solution du gaz lacrymogène paraîtra un pis-aller un peu trop suffocant. Ne reste donc plus que de semer le malheur chez ses proches afin d'en jouir pleinement...

>>> Un exemple parfait de cette "nouvelle vague grecque" qui cultive un humour noir volontiers absurde, distillé par un jeu d'acteurs délibérément inexpressif, souvent faussement théâtralisé, dans une stylisation méthodologique qui par son incongruité et son hypertrophie provoquent une indéniable originalité cinématographique...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)