CRIA CUERVOS - 1976

Titre VF CRIA CUERVOS
Titre VO Cria cuervos
Année de réalisation 1976
Nationalité Espagne
Durée 1h30
Genre COMEDIE DRAMATIQUE
Notation 16
Date de sortie en France 16/06/1976
Thème(s)
Enfance (Cinéma espagnol)
La mort, le deuil, ses cadavres et ses représentations (tous pays confondus)
Cinéma espagnol (ORIGINE)
Employé(e)s de maison (Cinéma espagnol)
Poisons (Cinéma espagnol)
Réalisateur(s)
SAURA Carlos
Chef(s) Opérateur(s)
ESCAMILLA Teo
Musique
MOMPOU Frederico PERALES J.l.
Renseignements complémentaires
Scénario et dialogues : Carlos Saura
Montage : Pablo Del Amo
Distribution : les Films Molière

Visa d'exploitation : 46 112

Nota :

- Sous-titre VF : "Regards d'une enfance" .....

- le film obtint le Prix Spécial du Jury au Festival de Cannes 1976,
ex-aequo avec "La marquise d'O" d'Eric Rohmer .....
Acteurs
TORRENT Ana
CHAPLIN Géraldine
PEREZ Conchita
RANDALL Monica
CHICO Florinda
ALTERIO Hector
COBOS German
MILLER Mirta
DIAZ Josefina
SANCHEZ ALMENDROS J.
SANCHEZ Mayte
Résumé

Ana, une jeune femme âgée d'une trentaine d'années, se souvient d'elle, à l'époque de son enfance, petite fille de huit ans avec ses deux autres soeurs, Isabelle et Maïté, une grand-mère paralytique et une bonne qui remplace la mère décédée. Le père quant à lui, est mort également, au lit avec sa maîtresse du moment...

>>> Entrecroisements de faits passés, réels, imaginaires, sur le thème obsessionnel de la mort à travers le regard et le phantasme d'une enfant. Une oeuvre difficile, émouvante et d'une grande richesse thématique qui envoûte et ravit...

Bibliographie
- Avant-Scène numéro 214
- Fiche de Monsieur Cinéma
- Cinématographe numéros 19, 20, 29
- Cinéma numéro 211
- Ecran numéros 49, 50
- Image et Son numéro 308
- Saison Cinématographique 1976
- Positif numéros 183/184, 185, 194
Critiques (Public)
CRIA CUERVOS, ce fut un Grand CHOC CINEMATOGRAPHIQUE!!! "Cria Cuervos", c'est le début d'un adage espagnol que l'on pourrait traduire par "Elève tes enfants et ils te mangeront la main" ..... C'est surtout le regard de la petite Ana qui est fascinant ... Deux énormes yeux qui vous fixent un regard d'une rare acuité face à ce monde des adultes ..... Un grand film et une grande "petite" actrice qu'est Ana Torrent!!!! MERCI!!! ALITO...

Voyage fantasmagorique d'une petite fille "fermée" qui se trouvera toujours entre deux portes.. entre sa chambre et celle de ses parents.. entre la nuit et le jour.. entre la réalité et l'imaginaire.. le passé et le présent.. la cuisine et la salle à manger.. la bonne et sa mère.. le monde des adultes et monde de l'enfance.. la vieillesse et la jeunesse.. la vérité et le mensonge.. la révolte et la soumission.. la vie et la mort.. le bien et le mal.. entre l'absence et la présence de son père.. l'innocence et la culpabilité.. "Bousculée" cette petite fille s'isole, se réfugie, se recroqueville.. plus de peur.. plus d'espoir.. pour fuir l'autoritarisme : Famille - Patrie - Religion du régime franquiste.. Où vivre, habiter, se réfugier, se sentir à l'abri ? comment sortir de cette bulle asphyxiante ? Rejoindre le monde du silence.. épouser sa mère ?...ou s'enivrer d'un petit air : "Porque te vas " Une intemporalité traité avec talent, avec subtilité. Un film qui a frappé à la porte de la vie d'une enfant.. Un film bouleversant.. Un film "choc".. un film vu entre deux portes ! ML

19/20 : redécouvert en vidéocassette (v.o.) en novembre 2007. Avec presque autant de saisissement qu'à sa sortie sur grand écran. A posteriori, on voit encore mieux les deux discours en un seul, mixture savamment remuée pour que la censure n'y voie que du feu : film réalisé sous le régime de Franco quelques mois avant sa fin. Chansonnettes refuges, ça ne rigole pas pourtant, la scène se passe chez un militaire, tout un protocole qui va de soi... A force égale, une étude post-traumatique : zoom sur trois fillettes après la perte de leurs parents à très peu de distance. Survivre à pareil désastre si jeunes... D'office on est avec elles. La cadette accroche d'emblée par le troublant monde intérieur qu'elle s'est forgé, yeux noirs adultes avant l'heure et silhouette de jeune chat farouchement indépendant (prodigieuse petite Anna Torrent). Une oeuvre qui ne prend pas une ride, même la mode vestimentaire, jupes plissées très sages et chaussettes noires de l'uniforme pourraient dater d'aujourd'hui ! Carlos Saura fut récompensé en 1976, mais mériterait bien une nouvelle reconnaissance pour ce film, il n'est jamais trop tard. Une technique déjà très au point, le sens de la narration, une alternance de grave et de léger, mais toujours sa révolte contre le pouvoir arbitraire, il s'attarde sur les affres du protocole, la souffrance qui couve sous les mascarades au quotidien. Il ose montrer en particulier combien l'adulte le plus aimant se sert de son rejeton dans certaines tensions qui le dépassent, comme lors de la promenade au bois, ce coup de grâce qu'est le baiser... Autre scène sidérante : la mère gémissant sur son lit (Géraldine Chaplin) égarée par la douleur et qui "ne prend plus de gants". Monstruosité de ce père égoïste, macho délibéré, peu soucieux du malheur des siens. Un peu plus tard, esquive de la tante lors de confidences des fillettes près de la baignoire. Aucune violence insupportable néanmoins, la curiosité du spectateur est piquée, mais espère, grâce à cette voix off, l'assurance que le dénouement ramène du côté de la vie... A propager largement. L.Ventriloque