Le brave Pista, employé au centre de tri postal d'une modeste gare slovaque, a déjà dépassé la quarantaine et n'est toujours pas marié. Certes il est desservi par une petite taille, un certain embonpoint et une lourde propension à la bouteille. Déjà privé de déplacements professionnels en wagon postal pour excès de libations durant ses heures de travail, il compense son manque de présence féminine et sa solitude affective en compagnie du fêtard Albin, mais surtout de son collègue et ami Vinco, un efficace séducteur auprès de la gent féminine, dont la dernière conquête, la blonde Viera, ne le laisse guère indifférent. Ramoneur occasionnel, joueur de tuba chronique, somnambule de circonstance, victime résignée des blagues de son entourage, l'existence de Pista est aussi bousculée par un triste problème exogène : sa vieille mère, avec laquelle il habite, est de plus en plus sujette à des oublis, des absences et des confusions qui lui font prendre, de temps à autre, son fiston pour son époux décédé ou la font s'égarer du côté de la gare, deux valises à la main. Un destin funeste, le mort accidentelle de Vinco, décédé par inhalation prolongée de monoxyde de gaz, va lui permettre de se rapprocher de Viera, inconsolée, malheureuse et enceinte...

>>> Evitant les écueils d'une grinçante noirceur systématique qui auraient pu nous amener à une version slovaque d'un classique transalpin , Dusan Hanak se penche plutôt avec aménité et lucidité sur des êtres humains en quête de proximité affective qui malgré leurs faiblesses et leurs déconvenues rédhibitoires, restent affables et dignes, au-delà des vicissitudes d'un quotidien slovaque médiocre, vision inacceptable pour une république socialiste qui prône l'homme fort, le travailleur enthousiaste et la réussite étatique, censurant cette oeuvre souvent drôle, insidieusement démobilisatrice, durant huit longues années...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)