Alors que le génial Thomas Edison fait découvrir dans un vaste parc du New Jersey, à la population locale médusée, les ravissements et les bienfaits de la lampe électrique à incandescence, lors d'une festive soirée musicale et champêtre (1880), très loin de là, dans les saumâtres faubourgs de Budapest, une jeune femme accouche de jumelles qui seront prénommées Dora et Lili. Très tôt orphelines, contraintes de vendre en plein hiver des boîtes d'allumettes aux rares passants, elles seront finalement accueillies par deux amis compatissants, chacun prenant en mains et en charge le destin d'une des fillettes, ainsi séparées. Alors que Dora est devenue une habile et subtile intrigante, escroquant au passage ses riches amants du moment, écumant les trains de luxe et les premières classes de dispendieux transatlantiques, sa frangine Lili a versé dans une forme de contestation radicale allant jusqu'à prôner et pratiquer les préceptes anarchistes, manipulant avec conviction les tracts et les bombes. Par un hasard facétieux, elles seront toutes les deux les maîtresses d'un mystérieux personnage surnommé Z et vont finalement enfin se retrouver sous l'égide de ce dernier, dans un symbolique palais des miroirs où présent et passé se reflètent et se confondent...

>>> Premier long métrage d'une jeune réalisatrice hongroise, pigmenté d'un foisonnant déferlement d'idées suaves et de situations baroques, balisant l'effervescence d'une période charnière où les découvertes scientifiques, comme le télégraphe sans fil, s'acoquinent avec les pigeons voyageurs, le féminisme naissant avec de rances théories machistes jusqu'aux animaux qui revendiquent leur liberté ou leur part de rêve.
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)