LA VENGEANCE AUX DEUX VISAGES - 1961

Titre VF LA VENGEANCE AUX DEUX VISAGES
Titre VO One-eyed jacks
Année de réalisation 1961
Nationalité Etats-Unis
Durée 2h21
Genre WESTERN
Notation 12
Date de sortie en France 06/10/1961
Thème(s)
Oeuvres uniques
Réalisateur(s)
BRANDO Marlon
Chef(s) Opérateur(s)
LANG Charles (junior)
Musique
FRIEDHOFER Hugo
Renseignements complémentaires
Scénario : Guy Trosper
et Calder Willingham .....
d'après le roman de Charles Neider
Produit par Frank P. Rosenberg
Distribution : Paramount

Visa d'exploitation : 24 750
Acteurs
BRANDO Marlon
MALDEN Karl
PELLICER Pina
JURADO Katy
JOHNSON Ben
PICKENS Slim
GILMAN Sam
DURAN Larry
CAREY Timothy
COLON Miriam
COOK Elisha (junior)
ACOSTA Rodolfo
TEAL Ray
DIERKES John
CORDOVA Margarita
WORDEN Hank
AHN Philip
MARTINEZ Nina
HARVEY Clem
FORREST William
TAKEDA Shichizo
WILLS Henry
FINN Mickey
DOMINGUEZ Joe
MARTIN Margarita
QUIJADA John Michael
SCOTT Francy
TURICH Felipe
BOOTH Nesdon
GALINDO Nacho
MORENO Jorge (3)
JONES Fenton
PETRONE Joan
WEBB Tom
COOK Chabing
POLLARD Snub
LU Lisa
WALTERS Glen
MARLO Steven
BAXLEY Paul
Résumé

Rio, un pilleur de banque, est trahi par son complice Dad qui s'enfuit avec le butin. Rio est aussitôt arrêté par la police. Cinq ans plus tard, il s'évade et part à la recherche de son ancien partenaire. Il le retrouve en Californie, shérif d'une petite ville, Monterey, et marié à une Mexicaine, Maria. Cachant ses pulsions de vengeance, il se montre fort affable, courtisant même la belle-fille du "traître"...

>>> Un formidable échec financier pour une oeuvre fort bancale qui durait à l'origine, dans sa totalité pas moins de 4 heures 42 ! Ceci expliquant peut-être cela...

Bibliographie
- Cinéma 62 numéro 62
- Image et Son numéros 145 et 471
- Positif numéros 43,241,533/534
- Fiche de Monsieur Cinéma
- Saison Cinématographique 1962
- Revue du Cinéma numéro 471
- Studio numéro 49
- Cinématographe numéro 93
- Cinéma numéro 322
- Télérama numéro 614
Critiques (Public)
Un film étrange, bizarre, anti-commercial à l'extrême. Quand on pense que Brando méprise le cinéma qui pour lui n'est pas un art, on se demande ce qu'aurait été sa carrière dans le cas contraire.

Malgré les amputations, ce film très personnel de Marlon Brando est une réussite, construite comme une tragédie grecque. Il démystifie le mythe du héros de western pur et dur pour en faire une sorte de Hamlet du Far West. Il n'est pas anodin que Brando en tant que réalisateur s'est entouré d'acteurs de 1er choix (Karl Malden, Katy Jurado), d'excellents seconds rôles (Elisha Cook Jr, Miriam Colon) et d'avoir découvert une actrice particulièrement émouvante et mieux que belle : Pina Pellicer. A mon avis, Brando était meilleur directeur d'acteurs que comédien (une star n'est pas forcément bon acteur). Dommage. AXEL.

Voici sans aucun doute le western le plus étrange de tous les temps. Mêlant actions et lenteurs le tout en bord de mer, "La vengeance aux deux visages" semble reproduire l’intérieur contrastée du maître lui-même qui s’essaie pour un unique fois à la réalisation. Le scénario est banal, deux braqueurs Rio et Dad, se donnent rendez-vous pour le partage d’un hold-up, Dad trahit et s’enfuit avec le magot, Rio est arrêté, il s’évade cinq ans plus tard, bien décidé à se venger. Pendant ce temps, Dad s’est offert une conduite, devenu shériff, il se marie et adopte la fille de sa femme. Est-ce une façade pour un homme qui dissimule au fond de lui un fond toujours aussi mauvais ? Et surtout faut-il néanmoins, en tenant compte de ce fait nouveau, appliquer la loi du talion, malgré l’image d’une ancienne trahison atténuée par le visage nouveau de son ancien complice réinséré et respecté ?. Cette œuvre fleuve (2h21mn) nécessite au préalable une préparation psychologique. Rien de commun avec le schéma traditionnel du genre. Le spectateur, si l’anachronisme avait un sens à l’époque, aurait pu se sentir projeté dans l’ambiance de "Paris Texas" de Wim Wenders. L’espace est roi. Le cheminement menant à l’affrontement final est une longue route semée de remise en questions. Les longs têtes à têtes, avec la très belle Pina Pellicer, belle-fille de Dad, séduite dans un premier temps par vengeance, casse un rythme laborieux difficilement acquis. La mer, omniprésente par ses remous berçant, est un contrepoids supplémentaire à une vivacité déjà compromise. En une phrase, il faut s’accrocher, haut les cœurs. Bref, ce film par toutes ses innovations, est un chef d’œuvre. Marlon Brando, tenant à signer son opus en y imprégnant sa personnalité, campe un héros à double facette, déterminé mais fragile, ne semblant pas de taille à résister à Dad, masochiste prononcé, s'acharnant à détruire une volonté de vengeance. Sa résolution à réapprendre à tirer au révolver, suite à la destruction partielle de sa main par son ancien complice, est plus un objectif cérébral qui ne garantit pas forcément la réussite finale de l'entreprise. Le cas de conscience est d’importance, Rio se positionne comme meurtrier potentiel du beau-père, aimé de la femme qu’il adore. "La vengeance aux deux visages" au même titre que "La nuit du chasseur" furent deux révolutions dans le paysage cinématographiques de cette époque, ces deux piliers du septième art furent réalisés par deux comédiens dont ce ne fut que l’unique réalisation. Marlon Brando et Charles Laughton. Un fantastique coup de génie pour l’éternité. JIPI