Kyoto, 1933 : alors que les tensions montent et se durcissent entre le pouvoir politique en place, d'obédience fortement militaire, et les étudiants ainsi que le corps enseignant, l'exubérante et folâtre fille de l'éminent professeur Yagihara, ce dernier bientôt démissionné de ses fonctions universitaires, voit l'existence, du haut de ses vingt printemps, avec un optimisme rayonnant et ravissant, avivé par la régulière présence du révolté Ruykichi Noge et du pondéré Itokawa, tous deux élèves du notable paternel et amoureux de son agréable progéniture. Rapidement la situation générale s'envenime dans le pays, Noge est emprisonné pour son militantisme libertaire et son activisme révolutionnaire et l'agitation estudiantine sera en grande partie matée. Cinq ans plus tard, Noge est enfin libéré et son exaltation anti-gouvernementale semble désormais calmée, comme assagie par ses longues et pénibles années d'emprisonnement...
Tokyo, 1941 : Yukie venue s'installer et travailler dans la capitale, revoit par hasard Itokawa, désormais marié qui lui donne les coordonnées de son camarade Noge, directeur d'une importante société de commerce sud-asiatique qui cache en fait un discret mouvement pour la paix, à la veille de l'entrée en guerre de son pays contre les forces "impérialistes" des Etats-Unis. Les deux jeunes gens se retrouvent, finissent enfin par convoler et sont bientôt arrêtés pour leurs activités pacifiques que Noge n'a d'ailleurs jamais vraiment confiées à sa compagne afin de lui éviter de graves ennuis judiciaires. Alors que ce dernier meurt en prison, Yukie, finalement libérée, décide de rejoindre les parents de son époux, de pauvres paysans rejetés par la communauté villageoise à cause de leur fils considéré comme un espion et un traître...
- Positif numéros 132, 143 et 461/462
- Jeune Cinéma numéros 132 et 371/372
- Avant-Scène numéros 628/629
Critiques (Public)
Un véritable traité de philosophie existentialiste. C'est la dernière demi-heure qui m'a frappé tant elle est forte sur la forme (l'ombre du muet, qui plane sur tout le film, transmute ici en quelque chose d'original) et sur le fond (très incarnée, féministe, on y voit le père de Noge, convertit par l'exemple de sa bru, maudire Bouddha et prendre son destin en main). Un tel film qui exhume une résistance intérieure à l'impérialisme nippon, de bonne facture qui plus est, dès 1946 !?