Scénario : Ruth Prawer Jhabvala
d'après les romans de Evan S. Connell's :
"Mrs Bridge" et "Mr Bridge" .....
Produit par Ismael Merchant
et Robert Halmi .....
Distribution : Gaumont
Mr et Mrs Bridge sont les "dignes" représentants de la classe traditionaliste new-yorkaise, fin des années 1930 où les règles de morale, d'ordre, d'éducation et "d'harmonie" prévalent et (r)assurent. Un bonheur apparent "parfait" qu'une lecture scrupuleuse, comme sait le faire Ivory, en anthropologue discret mais attentif , dissèque sans agressivité ni moquerie, remis en questions à travers d'imperceptibles failles et doutes dans le comportement et la fragile façade des apparences...
>>> Un des vingt meilleurs films du cru 1991 !
Bibliographie
- Fiche de Monsieur Cinéma
- Saison Cinématographique 1991
- Revue du Cinéma numéro 467
- Première numéro 166
- Studio numéros 41 et 45
- Positif numéro 361
- Télérama numéros 2139-HS 1992-2199
Critiques (Public)
L'admirable est le ton particulièrement juste trouvé dans le film. Les personnages ne sont pas destinés à éveiller notre sympathie. Paul Newnan a le manque total d'humour et de légèreté du traditionnel protestant, il est ouvertement et "naturellement" raciste comme on l'était communément à l'époque. Aucun anachronisme, l'athmosphère est bien de ces années... J'aimerai enfin dire deux mots sur la personnalité de Mme Bridge qui m'a particulièrement touchée ... J'aime les personnages qui s'avouent démissionnaire de la vie. Mme Bridge a appris à servir sur tous les plans, mais elle ignore tout de la psychologie de base de la personne humaine. Face à son amie qui craque et lui avoue son désespoir, elle propose comme la panacée du mal-d'être individuel... une tasse de thé... Même réconfort face à sa fille au bord du divorce. Aucun secours moral, elle en est incapable, tout juste conseille-t-elle à cette dernière l'obéissance au nom Sacré du Couple ... Aucun remède à la tristesse des expériences individuelles vécues, seulement un réalisme total dans cette oeuvre exceptionnelle ...  MILAN
Au-delà de la fresque d'une famille bourgeoise dans les années trente, des conflits familiaux et tensions conjugales, Mr et Mme Bridge, est à mon avis un film éminement féminin. Chaque femme, psychologiquement réprimée ou ouvertement libérée fait de sa vie un refus. Secrétaires, épouses ou maîtresses, toutes, tentent désespérément de croire encore à leurs rêves, à leurs illusions sur l'amour. Mais les années ont passé, l'habitude a pris son cours et si Mme Bridge pousse de malheureuses plaintes de solitude, ses amies tâtent à la réflexion politique voire au suicide. Cinéaste raffiné et délicat par excellence, James Ivory sait nous émerveiller par ses récits à mots couverts. Ses non-dits n'atténuent jamais la férocité de son propos, plein de finesse, qui semble s'insérer entre tasse de thé et petits fours. Portrait radical et incisif mais néanmoins tendre et (faussement) bienveillant d'un couple d'Américains moyens dopés à la bonne conscience WASP, "Mr. & Mrs. Bridge", récit retenu et malicieux, est une pièce de choix à ajouter au portrait de l'Amérique de toujours.   (D.W.Graphite)
Une oeuvre toute en finesse qui se
construit dans l'anodin, le quotidien,
le long fleuve "tranquille" de la vie .. par petites touches en apparence insignifiantes. James Ivory décrit méticuleusement un couple dont
l'existence, faite de principes et
de conventions, se maintient, vaille
que vaille avec ses crises et ses
interrogations superficielles,
épiphénomènes d'un malaise profond, existentiel où le mal de vivre se conjugue avec l'étroitesse de pensée, le rigorisme rassurant des codes sociaux. Un superbe moment de cinéma et de lucide constat d'une certaine nature humaine ...